[vc_row][vc_column][vc_column_text]La traduction française de la partie 3/21 du Programme « Pain Recovery ». Alan Gordon nous y explique comment évaluer si les voies neuronales ont une part dans nos douleurs, plutôt qu’une cause purement structurelle. Les pistes sont entre autres : la multiplicité des symptômes, leur irrégularité et inconsistance, une nature anxieuse, des faits stressants au moment où la douleur est apparue, des traitements inefficaces, des diagnostics variables selon les médecins, l’absence de traumatisme physique initial…
La version originale est en libre accès sur le site TMSWiki à cette adresse.
Mon avis sur la division structurelle / neuronale
Un Podcast plus personnel sur cet article, voir un débat, va suivre. Ainsi que sa lecture audio pour ceux qui préfèrent écouter que lire. Je vais voir pour essayer de synchroniser aussi avec la vidéo d’Alan Gordon, ça serait amusant…
Mais je voudrais déjà vous donner une idée de mon approche : je ne mets aucune technique sur un piédestal, je ne dis pas qu’Alan Gordon a LA solution et je ne partage pas son idée qu’il faut choisir entre structurel et neuronal. Pour moi c’est très très souvent un mélange des deux. Et la question est plutôt de savoir : est qu’il y a un vrai danger dans mon corps ? Ce mouvement ou cette activité font-il des dégâts réels dans mes tissus ? C’est la seule chose qu’il faut vraiment savoir pour rassurer notre système nerveux d’après moi… Et alors les outils présentés dans le programme d’Alan Gordon peuvent nous être très utiles.
Ouverture et esprit critique
Pour en savoir plus sur ma façon de travailler, je vous invite à lire le début de mon premier article sur l’approche MindBody (et la fin aussi !).[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_empty_space height= »70px »][vc_column_text]
Etape 3 : Identifier la source : Structurelle et/ou Neuronale ?
[/vc_column_text][vc_single_image image= »2277″ img_size= »large » alignment= »center »][vc_column_text css= ».vc_custom_1619700625002{padding-top: 30px !important;padding-right: 30px !important;padding-bottom: 30px !important;padding-left: 30px !important;} »]Au cours des deux étapes précédentes, nous avons expliqué comment et pourquoi la douleur des voies neuronales se développe. Cela amène à la question : comment savoir si vous entrez dans ce cas ?
Toutes les douleurs chroniques ne sont pas causées par des voies neuronales apprises dans le cerveau. Certaines personnes ont des problèmes structurels qui doivent être traités médicalement.
Cependant, les anomalies structurelles du corps sont souvent fortuites et ne sont pas à l’origine des symptômes physiques ressentis. Par exemple, 64% des personnes sans mal de dos ont des renflements discaux ou des hernies. 61% des adultes d’âge moyen sans douleur au genou ont des déchirures méniscales. L’usure et le vieillissement des tissus sont une partie normale de la vie (et ne provoquent pas de douleurs systématiques).
N’essayez pas de deviner. Évaluez / Testez.
J’ai fait de nombreuses rencontres préparatoires avec des patients souffrant de douleurs, et l’une des premières choses que je fais est d’évaluer si la source de leurs symptômes est plutôt structurelle ou due à des voies neuronales apprises.
Voici quelques-unes des questions que je pose:
Avez-vous des symptômes multiples ?
Avez-vous souvent souffert d’anxiété ?
La douleur est-elle apparue pendant une période stressante de votre vie?
Y a-t-il eu une blessure initiale ou la douleur est-elle venue de nulle part?
Les symptômes sont-ils incohérents / irréguliers ?
Quels autres diagnostics vous a-t-on donnés ?
Voici un test que j’ai fait avec une femme lors d’une conférence sur la douleur en 2017. Nous avons pu l’aider à déterminer qu’elle souffrait de douleurs des voies neuronales, malgré des diagnostics de renflements discaux, de scoliose, de sténose vertébrale et d’arthrite.
(La vidéo est intéressante non seulement dans son contenu mais aussi sa forme, Alan Gordon m’a bien fait rire !)
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_empty_space height= »70px »][vc_column_text]
Evaluation avec Denise
[/vc_column_text][vc_single_image image= »2277″ img_size= »large » alignment= »center »][vc_video link= »https://youtu.be/AxX7a8Mjllg » align= »center »][vc_column_text css= ».vc_custom_1619700700989{padding-top: 30px !important;padding-right: 30px !important;padding-bottom: 30px !important;padding-left: 30px !important;background-color: rgba(93,33,94,0.09) !important;*background-color: rgb(93,33,94) !important;border-radius: 2px !important;} »]
A (Alan) : Donc ce dont nous allons parler aujourd’hui est une sorte de test pour aider à déterminer si la douleur de quelqu’un est structurelle ou si elle a une composante psychogène. Alors…
Dites-moi un peu quand votre douleur a commencé et ce qui se passait dans votre vie à ce moment là ?
D (Denise) : J’ai commencé à avoir des migraines pour la première fois quand j’avais environ trois ans.
A : ok
D : Je ne me souviens pas quand exactement j’ai commencé à avoir mal au dos. Mais ma mère est décédée il y a environ dix ans, et je crois que j’ai commencé à avoir des douleurs très fortes au dos à cette époque.
A : Donc quand vos maux de dos sont apparus, ils n’ont pas été précédés par un traumatisme physique comme un accident de voiture ou une chute ou quoi que ce soit du genre dont vous auriez conscience ?
Ce qui a précédé, c’est le décès de votre mère ?
D: Oui
A : Et combien de temps après le décès de votre mère les maux de dos ont-ils commencé ?
D : Oh… Assez rapidement après en fait.
A : oh waouh ok. Comment avez-vous fait pour traiter votre mal de dos alors ? Avez-vous pensé : « oh, c’est clairement psychologique » ?
D : Oh non. Je me suis dit que j’avais du me blesser.
A : Ok. Alors qu’avez vous fait ?
D : Les médecins m’ont examinée, j’ai suivi des séances de kinésithérapie, fait des radios et des IRM.
A : Et qu’est-ce que tout cela a montré ? Qu’ont montré les IRM ? (Quels diagnostics médicaux?)
D : De la scoliose, une sténose vertébrale, renflements discaux, arthrite (?) …. (impossible pour moi de traduire ces termes avec certitude!)
A : Donc il y avait toutes ces choses sur vos IRM. Et qu’est-ce que les médecins vous ont dit à propos de l’interprétation de tout cela ?
D : Qu’à cause de ces problèmes, je devais renforcer mon dos, suivre un programme spécial (impossible pour moi de traduire ces termes avec certitude!).
A : Donc vous avez été renforcée dans l’idée que c’était un problème physique ?
D: Oui
A : D’accord. Alors vous avez suivi ces traitements, vous avez fait tout ce qu’on vous conseillait selon une perspective de kinésithérapie.
Est ce que ça a marché ?
D : Non. Peut-être pendant un petit moment, la thérapie physique a aidé un peu. Puis la douleur est revenue, et elle est revenue encore pire avec le temps. Ensuite c’est le haut de mon dos qui a commencé à me faire souffrir. Avant j’avais mal dans le bas du dos, mais la douleur n’était plus si forte là.
A : ça c’est fantastique ! Oui c’est génial. En effet, ça peut paraitre étrange de penser ça mais…
Avoir des symptômes douloureux multiples (et se déplaçant) est une bonne chose.
Si vous avez mal dans le bas du dos, ça peut être un problème dans la colonne lombaire. Vous savez, ce que je veux dire, c’est qu’il est possible que vous puissiez avoir deux hernies discales indépendantes différentes qui provoquent une compression de la racine nerveuse…
D : Mais ils n’ont pas trouvé de problème…
A : Ils n’ont rien trouvé là ? Génial! En effet plus vous avez de symptômes différents, plus il y a de chances qu’il y ait une cause globale sous-jacente. Vous voyez, c’est ce qui est le plus probable. Quelles sont les chances d’avoir un seul symptôme de douleur chronique ? Même en étant large, je dirais, avec une anomalie structurelle qui pourrait causer une douleur chronique, ce serait une chance sur dix – et je ne pense pas que ce soit si élevé. Même en supposant que ce soit ce chiffre, la probabilité d’avoir trois problèmes de douleur chronique indépendants (dans le bas du dos, le haut du dos et la migraine) serait de un sur mille. Alors ce qui est le plus probable, c’est qu’une seule chose soit la cause tous ces symptômes plutôt que trois causes indépendants et rares.
Vous voyez, c’est une excellente nouvelle que vous ayez des migraines, des douleurs dans le bas du dos et dans le haut du dos (rires…). Parce que c’est autant de preuves que tout cela est dû à des voies neuronales.
D : Ok….
(Validation par un médecin spécialisé en douleurs des voies neuronales)
A : En tant que psychothérapeute, si je veux vraiment comprendre ce que signifient ses résultats d’IRM, je lui proposerais d’aller voir Howard Schubiner ou un autre des médecins avec lequel nous travaillons, pour obtenir une interprétation claire. Mais en tant que thérapeute, je pourrais déjà souligner le fait qu’elle souffre de plusieurs douleurs chroniques différentes. Et que celles-ci n’ont pas de causes physiques claires.
Avez-vous des antécédents d’anxiété?
D : Oui. Je suis anxieuse en ce moment…
A : Oh merci ! (rires…) Alors je vais faire quelque chose avec vous pour vous aider avec ça. Pourquoi êtes-vous anxieuse en ce moment?
D : Certainement être en train de parler devant plein de gens…
A : Ok, cool ! Mais le fait que vous ayez des antécédents d’anxiété est une bonne nouvelle ! (rires…) Parce que la douleur est un signal de danger et que la douleur psychogène implique l’activation de signaux de danger, le fait que vous ayez des antécédents d’anxiété rend encore plus probable que vos signaux de danger aient été activés.
Ainsi l’une des choses que nous voulons faire est vraiment d’essayer de transformer des choses apparemment négatives en positives. Et elles le sont ! Parce que nous espérons qu’elle a des douleurs des voies neuronales, car c’est beaucoup plus facile de les éliminer que s’il y a des anomalies structurelles dans sa colonne vertébrale.
Le fait d’avoir des antécédents d’anxiété et d’hyper vigilance est presque une condition préalable au développement de la douleur des voies neuronales.
En plus vous avez trois symptômes de douleur indépendants. Enfin ils semblent corrélés avec des changements psychologiques. A présent tout indique que vous avez des douleurs des voies neuronales. Est ce que cela a du sens pour vous ?
D : Oui
A : Une autre chose que je voudrais connaître est la permanence / régularité de vos symptômes.
En effet souvent quand on a quelque chose de structurellement lésé, les symptômes sont complètement permanents / réguliers. On ressent de la douleur à chaque fois que l’on s’assoit, avec la même durée et la même intensité. Donc est-ce que votre douleur est-elle toujours régulière ou fait-elle des hauts et des bas ?
D : Elle vient et repart… Parfois je fais des activités de jardinage lourdes, comme creuser, et je n’aurai pas de douleur. Mais d’autres fois en me retournant je vais avoir mal au dos, mais pas toujours.
A : Waouh… C’est comme si tout se mettait en place / devenait clair maintenant ! Les mêmes gestes que vous faites lors d’activités agréables comme le jardinage, vous n’aurez pas de douleur, mais si c’est une corvée comme passer l’aspirateur, vous aurez mal. Ce sont les mêmes mouvements… Ainsi quand vous passez l’aspirateur, vous êtes un peu penchée, et pareil quand vous jardinez, vous êtes aussi un peu courbée. Si quelque chose n’allait pas structurellement chez vous, cela n’aurait pas de sens que faire le même mouvement dans une activité causerait de la douleur alors qu’une autre activité n’en causerait pas.
(vidéo extraite d’un film qui vient de sortir : « this might hurt »)[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_empty_space height= »70px »][vc_column_text]
Alors, avez-vous des douleurs des voies neuronales?
Probablement. La douleur chronique causée par des voies neuronales est plus courante que la douleur chronique d’origine structurelle. Mais il est toujours important d’être minutieux / complet.
La meilleure façon de confirmer que votre douleur n’est pas structurelle est de rencontrer un médecin spécialisé dans l’identification et le diagnostic de la douleur des voies neuronales. Voici une liste des médecins état par état qui ont cette spécialité (aux USA uniquement, si vous en connaissez un en France / Canada ou qui parle français, on serait ravi que vous envoyiez ses références à Couleurs Chroniques).
http://www.tmswiki.org/ppd/Find_a_TMS_Doctor_or_Therapist (Trouver un médecin ou un thérapeute TMS)
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Le Paradoxe des Croyances
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Comme nous l’avons dit dans l’étape précédente, la douleur est un signal de danger … Et pour venir à bout de la douleur des voies neuronales, il est important d’enseigner à votre cerveau que la douleur que vous ressentez n’est pas dangereuse.
Mais si vous pensez qu’il y a quelque chose qui ne va pas structurellement chez vous, il peut être très difficile de se sentir en sécurité. Comment pouvez-vous communiquer un message de sécurité à votre cerveau si vous pensez que vous vous causez des dommages physiques à chaque fois que vous vous asseyez, que vous marchez ou que vous tapez sur un clavier ?
Accepter que votre douleur n’est pas structurelle est un élément clé du rétablissement.
Voici la partie paradoxale:
Je vous ai dit que la meilleure façon d’éliminer votre douleur est de vous convaincre qu’elle n’est pas structurelle. Le paradoxe, c’est que la meilleure façon d’être convaincu que votre douleur n’est pas structurelle, c’est d’éliminer cette douleur ! Une fois que vous avez vu que votre cerveau a du pouvoir sur votre douleur, il est beaucoup plus facile d’accepter qu’elle est causée par des voies neuronales.
Petits pas progressifs
C’est comme l’histoire de la poule et de l’œuf. Mais ne vous inquiétez pas, vous pouvez vaincre ce paradoxe en faisant des petits pas progressifs. Plus vous obtenez de preuves que vous êtes structurellement solide, plus il est facile de croire, et plus vous croyez, plus il est facile d’obtenir des preuves. Cela devient une boucle de rétroaction positive.
Dans la prochaine étape, « Rompre le cycle de la douleur », nous ferons le premier pas sur cette voie, en abordant le facteur essentiel derrière la douleur des voies neuronales.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]