Dans cette cinquième étape, Alan Gordon approfondit l’idée de ne plus avoir peur de la douleur. Il nous propose un premier exercice : juste observer nos fonctionnements de peurs. Il s’agit de prendre conscience de nos habitudes apprises, ancrées depuis longtemps dans notre cerveau. La version originale de cette partie 5/21 est en libre accès sur le site TMSWiki à cette adresse.
L’exemple de Christie montre l’impact de la peur et de la frustration sur la douleur. Et l’importance d’essayer d’être le plus indifférent possible à cette douleur, avec toujours l’idée essentielle qu’elle n’a rien de dangereuse (voir les étapes précédentes). Cela peut rapidement avoir un effet temporaire positif et enthousiasmant. Mais les habitudes de peur apprises par notre cerveau sont en réalité très lentes à modifier, c’est un entrainement sur le long terme. Qui en vaut largement la peine d’après moi…
Des pièces de puzzle bien au delà de la douleur
Je pense que tout ce travail qu’Alan Gordon nous invite à faire peut avoir un effet bien plus important que nous l’imaginons au départ, pas seulement sur notre douleur. Ces pièces de puzzle que nous allons découvrir dans les différentes étapes de ce programme pourraient changer nombre de nos habitudes et de nos fonctionnements internes. Et impacter d’autres aspects de notre vie : notre anxiété, notre sommeil, les activités physiques mais aussi sociales que nous osons faire, notre rapport à nos émotions… et évidemment à tout ce qui nous fait peur, nous inquiète, nous frustre. Ce que nous apprenons ici sur la peur de la douleur peut se transposer à beaucoup d’autres peurs de choses et activités inconfortables qui nous bloquent.
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Etape 5 : Changer votre Cerveau
(traduction du texte d’Alan Gordon)
[/vc_column_text][vc_single_image image= »2277″ img_size= »large » alignment= »center »][vc_column_text] »Quand pour la première fois j’ai pris la décision de ne plus avoir peur de ma douleur, je me suis senti libéré. Je me sentais courageux, en confiance, j’avais repris le pouvoir. Cela a duré environ 20 minutes.
Pourquoi est-il si rapide de se retrouver à nouveau dans un état de peur?
En fait cela est directement lié au cerveau. Tout comme nous pouvons développer des voies neuronales pour la douleur, nous pouvons développer des voies neuronales pour la peur. Si nous gravitons encore et encore autour de la même émotion, notre cerveau apprend à revenir automatiquement à celle-ci… alors la peur peut devenir une habitude apprise.
Dans la seconde partie de ce programme, j’ai dit que nous voulions en fin de compte donner à votre cerveau un sentiment de sécurité. Permettez-moi d’être plus précis: nous allons vous aider à développer de nouvelles voies neuronales pour changer fondamentalement votre relation avec la peur.
Et pour démarrer dans cette voie, je vais vous parler d’une femme nommée Christie.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_empty_space height= »60px »][vc_column_text]
L’histoire de Christie
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Voici Christie :
[/vc_column_text][vc_single_image image= »2633″ img_size= »medium » alignment= »center »][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Christie (Uipi) est thérapeute au Pain Psychology Center de Los Angeles (l’établissement dirigé par Alan Gordon, voir notre article La douleur chronique selon le Pain Psychology Center). Elle est également la créatrice du #FightYourFearChallenge (cliquez ici pour la regarder faire la roue). Il s’agissait de montrer un mouvement qu’avant la peur de la douleur nous rendait incapable de faire. Par curiosité, j’ai cherché si Alan Gordon avait relevé ce défi : c’est ici. Enfin avec Daniel Lyman, un collègue, Christie a fait plein de petites vidéo sympas sur la psychologie et d’autres trucs, « Feelings and Stuff » à retrouver sur la chaîne YouTube du Pain Psychology Center.
Christie a été l’une de nos premières internes/stagiaires MSW (Master of Social Work), et non seulement elle était douée pour aider les autres à sortir de la douleur, mais elle était aussi douée pour se sortir elle-même de la douleur! Après avoir lu le livre de Howard Schubiner, «Unlearn Your Pain» (désapprendre la douleur),
Christie avait surmonté tous ses symptômes physiques, sauf un.
Elle n’arrivait pas à se débarrasser de la douleur à la main et au poignet qui se produisait à chaque fois qu’elle écrivait sur un clavier. Plus elle tapait, plus la douleur empirait… pas une situation idéale pour un étudiant.
Un soir, pendant la supervision de groupe, nous avons décidé de faire un petit exercice d’indépendance aux résultats – elle écrivait sur le clavier pendant que je lui parlais – et à la fin, sa douleur avait disparu. C’était incroyable.
Je regrettais que nous ne l’ayons pas enregistré. Mais notre autre stagiaire a alors triomphalement levé son iPhone et a dit: «J’ai tout enregistré en douce !»
Voici donc l’enregistrement impromptu de Christie utilisant l’indépendance aux résultats pour surmonter sa douleur.
[/vc_column_text][vc_column_text css= ».vc_custom_1620853560035{padding-top: 50px !important;padding-right: 50px !important;padding-bottom: 50px !important;padding-left: 50px !important;background-color: rgba(93,33,94,0.09) !important;*background-color: rgb(93,33,94) !important;} »]
J’essaie d’en faire une transcription en français la plus fidèle possible. Mais avec un tel enregistrement c’est clairement l’exercice le plus difficile pour moi. Il me manque quelques mots. Si vous voyez des erreurs, n’hésitez pas à me le signaler…
Christie ressent des douleurs dans ses mains, en particulier dans ses pouces, quand elle frappe sur le clavier – ou sur son téléphone (?), les yeux fermés.
« Alan Gordon (A) : J’aimerais savoir si tu peux déplacer un peu la douleur, juste un petit peu (vers la phalange du milieu?).
Christie (C) : Non je n’y arrive pas, et la douleur est en train de s’aggraver. Je vais t’en vouloir…
A : ah ok… Elle empire ?
C : La douleur dans ma main gauche ici (…?).. et à droite là (?)
A : Elle est à différents endroits ? Alors, continue à écrire. Et quand tu tapes, et que tu ressens ces douleurs dans tes pouces, quelle est ta réaction en live à ces douleurs ?
Est ce que c’est de la frustration ?
C : C’est de la frustration. Oui .
A : Pourquoi ?
C : Je ne sais pas !
A : C’est LA chose sur laquelle nous devons travailler. Continue à écrire… Je veux voir si on peut faire ça pendant que tu tapes.
La douleur est juste une sensation.
Donc ce que tu ressens juste maintenant, c’est juste une sensation dans tes deux pouces. C’est juste ça, une sensation. Et c’est la frustration, la peur et l’impatience autour de cette sensation qui la rendent désagréable. Mais à la base, c’est juste une sensation. Alors ?
C : ça fait mal !
A : La seule chose qui perpétue tes symptômes, c’est cette frustration. ça te rend folle que ça soit sur ton chemin. ça t’énerve de voir que ça s’empire progressivement. Tu te sens impuissante : « mais comment je vais me débarrasser de ça ??? ». Tout cela, c’est le carburant de ta douleur.
Le but n’est pas d’empêcher ta douleur de venir. Le but est de changer la manière dont tu y réponds quand ça arrive.
Tu y es arrivée pour ton cou. Tout ce que tu as à a faire, c’est de t’en foutre ! Tu crois que tu peux le faire, là maintenant ?
C : oui, j’essaie. J’essaie activement.
A : Bien ! N’attache plus aucun intérêt à ta douleur. Nous savons avec une certitude de 100% que ce qui se passe dans tes pouces en ce moment est de la douleur des voies neuronales dans le cerveau. Mais nous ne voulons même pas nous débarrasser de cela en ce moment, ce n’est pas le but. Et ce serait impossible maintenant, car tu te mettrais encore plus de pression. Parce que tu fais ça en public, et nous savons que la pression est le ciment de tes symptômes TMS (=Psycho-Physiologiques, The Mind Body Syndrome).
Donc ne pense plus à te débarrasser de la douleur. Maintenant en ce moment, ce n’est même pas le but. Le seul but, maintenant, pendant que tu écris, c’est juste de changer ta relation avec la douleur. C’est juste une chose que tu ressens et qui est OK. C’est Ok que tu ressentes ça en ce moment.
Cette voix qui s’énerve contre cette putain de douleur, c’est juste une habitude.
Tout cela est juste une habitude apprise : cette putain de douleur qui fait mal.
Mais ça n’a pas à être comme ça. La seule chose que tu as à faire pour réussir là maintenant, c’est juste être avec la douleur. Tu n’as pas à devenir amie avec elle, ça paraitrait trop fou. Mais sois juste avec ta douleur et entraine toi à dire : « Bon, elle est là. Elle n’est pas dangereuse, je ne suis pas en train de me blesser. C’est justement un fonctionnement des voies neuronales dans mon cerveau. Et c’est Ok, ça va ! »
Et essaie de voir si en fait tu peux ressentir un peu de joie, de contentement, même si tu as mal.
Si tu peux là, assise ici, tenant ton téléphone (???) en écoutant ma voix apaisante (rires…), si tu peux ressentir un peu de joie, de bonheur, de contentement, malgré le fait que tu ressens de la douleur. Ne laisse pas cette frustration et cette impatience gagner ! Parce que c’est ce qui te garde en otage…
C : ça va 1000 fois mieux là (?). Je me sens tellement mieux là !
A : Vraiment ?
C : ça a commencé quand je pensais que c’était en train d’empirer et que c’était énervant, ça a duré 45 secondes. Et ensuite je me suis sentie 75% mieux.
A : Alors maintenant tu as encore plus de preuves que ce qui se passe dans tes mains et tes pouces c’est du « bullshit » /des foutaises (soupirs de Christie). En fait il n’y a rien qui ne va pas chez toi. Sinon plus tu taperais et plus tu aurais mal. Et là le fait que tu continues à taper et que ça va mieux (…??) maintenant tu peux en être sûre. Alors laisse cette putain de douleur, elle n’a pas d’importance. Tout ce que tu as à faire, c’est te rappeler que ça va et essayer de ressentir un peu de joie, de bonheur, de contentement.
Même si tu as encore mal, cette douleur ne peut plus t’empêcher de te sentir bien.
C’est juste une sensation qui ne veut rien dire, qui n’a pas de sens. Alors détend toi, respire, rassure toi et laisse la joie de vivre entrer en toi (rires…), même s’il y a cette douleur. On n’en a rien à faire de cette douleur, elle n’a aucune importance. En fait qu’elle diminue de 75 %, ou qu’elle augmente de 200%, rien de tout cela n’a d’importance.
Tout ce qui importe maintenant, c’est que tu t’entraines à pratiquer une indifférence authentique à la gravité des symptômes.
Je n’essaie pas de faire partir ta douleur. En fait ça ne m’intéresse pas, je n’en ai rien à faire si ta douleur s’en va. Tout ce que je veux, c’est que tu t’entraines pour de bon à te sentir OK même si tu as de la douleur en ce moment.
C : Je n’ai plus du tout mal là maintenant !!!!! Je suis si enthousiaste ! ça faisait 2 ans… Là je sens que ça sera parti en 1 semaine. J’en suis sûre !
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]À la fin de l’enregistrement, Christie était si sûre que c’était un tournant décisif pour elle qu’elle avait déclaré avec confiance: «La douleur aura disparu dans une semaine.» Mais ce ne fut pas le cas.
To Fear or Not to Fear = Craindre ou ne pas Craindre
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »60px »][vc_single_image image= »2640″ img_size= »medium » alignment= »center »][vc_column_text]Traduction de l’image :
« Et si un arbre tombait sur nous juste quand on passe en dessous » dit Porcinet
« Et si il ne tombait pas » dit Winnie L’ourson
[/vc_column_text][vc_column_text]
Même après son incroyable succès, Christie avait encore peur de sa douleur pour une raison très simple – elle en avait eu peur de si nombreuses fois auparavant.
Parfois, elle en venait même à se demander si la douleur avait vraiment disparu ce jour là. Mais alors elle écoutait l’enregistrement et se rappelait «Ouais, c’est arrivé.» Elle en est arrivée à un point où elle pouvait se débarrasser de sa douleur uniquement lorsqu’elle écoutait l’enregistrement! Dans quel fonctionnement bizarre (« rabbit hole ») était-elle tombée ?!
En fin de compte, on en revient toujours à la peur. Son cerveau s’était habitué aux pensées de peur. Mais elle s’est entrainée et entrainée encore, et au bout de trois mois, elle a développé de nouvelles voies neuronales. Elle n’avait plus peur.
Si votre esprit a tendance à revenir souvent / graviter vers la peur, ce schéma continuera jusqu’à ce que vous fassiez quelque chose pour le changer.
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_empty_space height= »60px »][vc_column_text]
Attraper / Observer vos Peurs
[/vc_column_text][vc_single_image image= »2277″ img_size= »large » alignment= »center »][vc_column_text]
Je vous donne votre premier devoir / exercice. Pour le reste de la journée (ou pour nous jusqu’à jeudi prochain…), je voudrais que vous observiez juste l’activité de votre esprit. Voyez si vous vous surprenez / « attrapez » à graviter autour de la peur.
Peut-être en ce moment même, vous vous demandez: «Qu’entendez-vous par ‘ attraper ‘?, Que dois-je faire quand je l’attrape? Comment cela va-t-il m’aider? »
Ce sont justement trois pensées de peur. Vous voyez à quel point la peur est subtile et peut se dissimuler ?
Lorsque vous prenez conscience de ces pensées de peur, vous n’avez rien à faire. Vous n’avez pas besoin de les arrêter, vous n’avez pas besoin de les combattre; vous avez juste à les remarquer.
Au cours des prochaines semaines, nous allons adopter une approche plus proactive pour faire face à votre peur. Mais pour l’instant, vous n’êtes qu’un observateur.
Il s’agit de votre premier pas dans le processus graduel consistant à apprendre à votre cerveau à se sentir en sécurité. Vous pouvez le faire. Comme Jean-Christophe le dit à Winnie l’ourson : «Tu es plus courageux que tu ne le crois, plus fort que tu ne le parais et plus intelligent que tu ne le penses.»
A la prochaine fois.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
J’ai lu attentivement le chapitre 5. Cette semaine, j’attrape ma douleur. Je l’observe, elle est là mais c’est OK. Je pars en vacances pour une semaine et à mon retour, je vous dirai ce qui se sera passé de cette pratique… 🙏 merci
A bientôt !