Le « Somatic Tracking » est un des points clés de ce programme d’Alan Gordon. Il s’agit de porter régulièrement attention à notre état interne, nos sensations, notre corps, en pleine conscience et avec une curiosité bienveillante. L’état d’esprit est ici essentiel : se soucier vraiment de soi et communiquer un message positif de sécurité à notre cerveau.
Il n’y a pas qu’un moyen de le pratiquer, et les prochaines étapes du programme vont approfondir ce sujet. J’espère qu’à Couleurs Chroniques nous allons progressivement partager comment nous adaptons chacun cette technique à nos besoins et fonctionnements. La mettre à notre sauce pour qu’elle nous convienne, en variant selon les moments. Allongé quand on est fatigué ou proche de s’endormir, assis comme dans une méditation « classique », mais aussi en marchant, en pratiquant des exercices physiques, dans nos activités du quotidien, lorsqu’on vit des émotions fortes…
La version originale de cette partie 9/21 est en libre accès sur le site TMSWiki à cette adresse.
Photo Lua Valentia sur Unsplash
Reprogrammer notre cerveau
En pratiquant régulièrement le Somatic Tracking, on devrait pouvoir modifier nos voies neuronales. C’est ainsi l’une des techniques centrales de la Thérapie de Reconditionnement de la Douleur présentée sur le site du Pain Psychology Center par l’équipe d’Alan Gordon. « Le Somatic Tracking est une combinaison de pleine conscience, de réévaluation du danger réel et d’induction d’un effet positif. Le but du Somatic Tracking est d’aider les patients à appréhender la sensation douloureuse à travers une lentille distincte de sécurité, désactivant ainsi le signal de douleur. »
Note sur la traduction
« Soma » en grec ancien signifie le corps, tout simplement, et donc Somatic = corporel.
« Tracking » en anglais, c’est parcourir, suivre, localiser, repérer.
Je pense garder la version américaine pour l’instant dans Couleurs Chroniques. Le Somatic Tracking pourrait être traduit par « suivi somatique », « parcourir son corps », « repérage corporel », « attention somatique »… A vous de me dire dans les commentaires si vous avez une préférence pour une version en français, et laquelle.
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Somatic Tracking (par Alan Gordon)
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Au grand amusement de la plupart de mes amis, j’utilise toujours un téléphone à clapet (en 2017… Peut-être a t’il changé depuis ?).
Je ne peux pas envoyer ni recevoir de photos, et les émoticônes arrivent sous forme de petits rectangles. Mais la chose la plus intéressante (pour ceux d’entre vous qui se souviennent de 2005), c’est qu’il y a une quantité limitée d’espace de stockage pour les messages texte (SMS). Ainsi une fois que j’ai atteint 200 SMS, je dois « tout supprimer ». Sinon je ne recevrai plus aucun nouveau SMS.
Vous pouvez être sûr que je n’ai jamais atteint la barre des 200… personne ne veut rater un texto.
Prêter attention à ce qui nous paraît important
Lorsque nous sommes incités à prêter attention à quelque chose, nous y prêtons attention.
On paie ses factures à temps pour conserver un bon « credit score » (aux USA, un chiffre qui note notre capacité à payer nos factures et crédits dans les temps, essentiel pour souscrire de nouveaux crédits).
Ou encore on fait le plein d’essence de sa voiture pour ne pas se retrouver bloqué en panne sèche.
On se fait couper les cheveux régulièrement pour qu’ils restent beaux.
Mais il y a une chose que vous négligez probablement, qui est plus importante que n’importe quoi d’autre, et qui est au cœur de votre douleur…
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Porter attention à son état intérieur
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Légende de l’image entre Winnie l’Ourson et Porcinet :
Porcinet se blottit contre Winnie par derrière. « Winnie! » chuchota ‘t’il.
« Oui, Porcinet ? »
« Rien », dit Porcinet, en prenant Winnie par la main. « je voulais juste m’assurer que ça allait ».
C’est un sentiment merveilleux quand quelqu’un vient juste vérifier que nous allons bien et prend sincèrement de nos nouvelles (pas le « ça va? » qui n’attend pas de réponse bien sûr). Cette attention qu’on nous porte nous fait ressentir qu’on se soucie de nous, et peut nous rappeler que nous comptons dans ce monde. Mais beaucoup d’entre nous ne faisons pas attention à nous même, nous ne vérifions pas si nous allons bien. Cette subtile négligence de soi-même peut en fait avoir de nombreuses conséquences physiques.
J’aimerais que vous essayiez quelque chose maintenant :
Portez votre attention à que vous ressentez dans votre corps en ce moment.
Avez vous conscience de sensations physiques dans certaines parties de votre corps ? Peut-être dans votre poitrine ? ou votre ventre ? Ou votre gorge ?
Si oui, comment décririez-vous cette sensation ? Est-ce une raideur ? Une tension ? Un serrement ? Une sensation de flottement ?
Est-ce qu’il y a de la chaleur ? Des picotements ?
En portant ainsi votre attention sur ces sensations, remarquez simplement si elles sont agréables ou désagréables ?
Sont-elles étendues ou dans une zone spécifique ?
Vous ne faites qu’être présent, observer.
En fait vous n’avez rien à faire de spécial avec ces sensations. N’essayez pas de les faire disparaître ou de les déplacer. Vous ne faites que regarder.
Et observez ce qui passe en vous pendant que vous portez attention à une sensation. S’intensifie-t-elle ? Est-ce qu’elle s’atténue ? Se dilate-t-elle ou se contracte-t-elle ? Est-ce qu’elle se déplace vers une autre partie de votre corps? Est-ce qu’elle reste pareille ?
Quoi qu’il arrive, c’est très bien ! Vous ne faites que l’observer, la suivre. En fait vous n’avez aucune arrière-pensée, vous faites juste attention à cette sensation dans votre corps, avec une pure curiosité.
Ainsi vous n’êtes qu’un observateur en ce moment. Soyez attentif, pleinement présent, remarquez ce qui se passe à l’intérieur de vous. Prenez conscience de comment vous allez, réellement.
Félicitations !
Vous venez de faire trois choses importantes :
Déjà vous vous êtes soucié de votre état interne, vous lui avez porté toute votre attention.
Vous vous êtes traité avec amour.
Et vous avez donné à votre cerveau le message que vous êtes en sécurité (I’m safe !).
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Somatic Tracking
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Vous avez peut-être entendu parler de la Pleine Conscience (= Mindfullness). Beaucoup de gens l’associent à la méditation ou à la philosophie orientale, mais c’est en fait une idée très simple. Jon Kabat-Zinn, qui a contribué à rendre la Pleine Conscience populaire en Occident, la définit comme « être attentif volontairement au moment présent, sans porter de jugement ».
Et c’est exactement ce que vous faisiez quand vous avez porté votre attention sur votre état interne. Ce n’est pas compliqué, mais c’est très puissant.
Le moyen le plus efficace de communiquer un message de sécurité à votre cerveau est de porter attention aux sensations physiques de votre corps en pleine conscience.
Nous appelons cela le « Somatic Tracking »
Les neuroscientifiques ont découvert que le fait d’être attentif à nos sensations corporelles en pleine conscience peut réellement réduire l’activité du centre « combat ou fuite » (Fight or Flight) de notre cerveau. De plus, cette pratique nous permet de mieux contrôler le traitement cérébral de la douleur et des émotions.
Le Somatic Tracking est la composante la plus importante pour surmonter la douleur des voies neuronales.
Lorsque vous prêtez attention à vos sensations physiques en Pleine Conscience – sans peur, sans jugement et sans objectif – non seulement vous communiquez une impression de sécurité à votre cerveau, mais surtout vous vous donnez le message que vous méritez d’être traité avec amour.
Dans les prochains jours, nous discuterons de la manière d’utiliser le Somatic Tracking pour réguler votre anxiété, réduire la peur autour de votre douleur et vous aider à ressentir vos émotions.
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S’occuper de soi
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Quand j’étais en deuxième année à l’UCLA (University of California, Los Angeles), le Dalaï Lama est venu parler dans notre école. J’étudiais l’économie à l’époque, et je m’intéressais peu à la psychologie. Mais c’était juste à côté de ma chambre d’étudiant, alors j’y suis allé par curiosité.
Avec 17 000 autres personnes, nous nous sommes entassés dans le pavillon Pauley pour l’entendre parler.
C’était incroyable. Il a parlé des obstacles à l’amour de soi, de la recherche de la paix intérieure et de l’importance de discipliner l’esprit. À un moment donné, il a parlé de méditation. « Les gens à qui je parle à Beverly Hills », a-t-il dit, « méditent seulement une heure par jour… » Et puis il a commencé à rire.
« Seulement ? » Je pensais.
En rentrant chez moi ce soir-là, j’ai eu deux pensées:
1. Mais qu’est-ce que je fais en me spécialisant en économie ?
2. Le Dalaï Lama a des attentes très élevées en matière de méditation.
Ce n’est que des années plus tard que j’ai compris ce qu’il voulait dire.
Si nous ne faisons attention à nous qu’une heure par jour, alors nous nous négligeons pendant les 15 autres.
L’objectif n’est pas de s’occuper de soi lorsque la douleur s’intensifie ou pendant une durée déterminée, l’objectif est de s’occuper de soi le plus régulièrement possible : pendant que l’on parle, que l’on conduit, que l’on écrit un e-mail, et même en lisant cette phrase…
Bien sûr, à moins que vous ne recherchiez l’illumination spirituelle, vous n’allez pas vous occuper de vous-même à chaque instant. Et c’est très bien comme ça. Mais avec de la pratique, cela peut devenir un fonctionnement par défaut, automatique. Et vous développerez les voies neuronales pour vous occuper attentivement de votre état interne.
Tout ce que vous avez à faire est de vous écouter et de vous porter de l’attention.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]