Le Washington Post, un journal américain reconnu, vient de publier un article sur les validations scientifiques récentes de deux nouvelles thérapies psychologiques de la douleur chronique.
Cet article et les deux publications scientifiques dont il parle marquent un tournant pour moi. En effet c’est en grande partie pour parler de l’aspect psychologique des douleurs chroniques que j’ai décidé de créer le site internet www.couleurschroniques.fr il y a presque deux ans.
Je pensais que certains outils psychologiques pourraient aider ceux qui souffrent de douleurs et autres symptômes chroniques. Mais jusqu’à présent on manquait de preuves sérieuses. Et là, fin septembre (enfin!) deux études scientifiques indépendantes sont venues valider certaines de ces approches.
On entre donc selon moi dans une nouvelle période, excitante. On peut prendre bien plus au sérieux l’approche psychologique pour traiter, voir même guérir dans certains cas, la douleur chronique.
Modifier nos croyances sur la douleur et nos conditionnements
Ces nouvelles thérapies ne sont pas juste un ensemble de techniques de relaxation ou de méditation. Elles vont beaucoup plus loin. Elles ont pour but d’entrainer le cerveau à percevoir différemment la douleur, à ne plus en avoir peur. Rassurer un système nerveux qui est trop en alerte. Lui apporter un sentiment de sécurité.
Basées sur les Thérapies Comportementales et Cognitives, elles visent aussi à sortir de certains conditionnements inutiles – et qui nous pourrissent la vie ! En particulier ceux liés à ce qu’on croit être des déclencheurs de notre douleur, mais qu’une vérification médicale montre sans danger.
Ce sont des approches complètes, avec de nombreux outils différents. A terme elle peuvent apporter beaucoup plus qu’une simple diminution de la souffrance. Elles augmentent la qualité de vie, l’estime de soi, et même la joie !
J’invite chacun à regarder ces différents outils avec ouverture d’esprit mais aussi esprit critique. Voir simplement si certains d’entre eux pourraient lui convenir. Et tester uniquement ceux-ci pour voir.
Liens vers les 3 articles originaux :
Washington Post, 15 Octobre 2021, par Nathaniel Frank :
Chronic pain is surprisingly treatable — when patients focus on the brain,
JAMA Psychiatry, 29 Septembre 2021, par Yoni K. Ashar, et al. :
Effect of Pain Reprocessing Therapy vs Placebo and Usual Care for Patients With Chronic Back Pain
Pain, 23 Septembre 2021, par Michael W. Donnino, et al. :
Psychophysiologic symptom relief therapy for chronic back pain: a pilot randomized controlled trial
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Le modèle Bio-Psycho-Social de la douleur
Mais avant de parler de ces approches psychologiques, il me parait important de rappeler le modèle Bio-Psycho-Social de la douleur, fondamental et largement reconnu aujourd’hui. La douleur est produite par notre système nerveux/cerveau en réponse à un très grand nombre de facteurs, à la fois physiques, psychologiques et environnementaux.
Pour traiter la douleur, on peut donc aussi jouer sur ces différents facteurs. Les facteurs physiques, je tiens à le dire tout de suite, sont bien sûr à prendre en considération en premier.
Quand on ressent une douleur prolongée, il est important, voir vital, de toujours commencer par faire tous les examens et analyses médicaux possibles. Consulter les spécialistes qui pourraient nous aider à trouver la cause de cette douleur. Et bien sûr la soigner si c’est possible, suivre les traitements prescrits.
Mais quand les douleurs chroniques durent depuis des mois, des années – j’en suis à bientôt 10 ans-, c’est donc que la médecine « conventionnelle » n’a pas su nous guérir. Il peut alors être intéressant de regarder de plus près les autres facteurs, psychologiques et sociaux. Et au centre de tout ça, le rôle de notre système nerveux, et plus précisément de notre cerveau. Comment peut-on avoir un impact sur les signaux de douleur qu’il émet ?
Le système nerveux, entre Bio et Psycho
Notre système nerveux se trouve à la frontière entre le « Bio » et le « Psycho ».
C’est bien sûr une partie de notre corps (« Bio » donc). Il est d’une complexité et d’une efficacité extraordinaire, avec ses milliards de connexions entre les neurones. De plus il est aussi connecté à tous nos organes, nos systèmes immunitaire et endocrine, nos sens. C’est lui qui reçoit les informations des nocicepteurs qui alertent des dégâts dans les tissus. C’est donc le chef d’orchestre de notre corps. Il rassemble les informations et envoient les ordres… ainsi que les signaux de douleurs.
Le cerveau
Elément clé du système nerveux, le cerveau est un organe très important de notre corps, celui qui consomme le plus d’énergie. Mais c’est aussi le siège de notre conscience, de nos pensées, notre mémoire, de tout ce qui est « psychologique« . C’est là que nos émotions, notre stress, notre joie se transforment en paramètres physiques.
Les exercices psychologiques proposés par les thérapies de « réentrainement du cerveau » ont des conséquences physiques dans notre cerveau. Les connexions entre neurones changent, des zones différentes du cerveau sont activées… Notre cerveau est à la fois « corps » et « esprit ».
C’est aussi lui qui gère tout le Social. Il stocke notre culture, nos croyances. Il intègre en permanence toutes les informations venant de notre environnement, notre entourage et décide comment y répondre.
Inconscient
Je réalise de plus en plus à que point notre système nerveux fonctionne en autonomie. Une immense partie de ce qu’il fait reste hors de notre conscience, nous n’y avons pas accès. C’est cela qui m’intéresse le plus, me fascine et m’énerve parfois. Pourquoi a t’il décidé de m’envoyer cette douleur permanente dans la tête ? Pourquoi je ne peux pas avoir un « bouton On/Off » pour l’arrêter ?
Mais on peut avoir un impact indirect sur les fonctionnements inconscients de notre système nerveux. Changer lentement nos conditionnements. C’est l’objectif des nouvelles thérapies psychologiques de la douleur dont je parle tant dans couleurs chroniques, ce que j’appelle l’approche ‘MindBody ».
Douleur neuroplastique ?
L’article du Washington Post donne plein d’informations intéressantes sur ces nouvelles thérapies. C’est pour cela que j’ai pris le temps d’en traduire en grande partie. Mais je ne suis pas sûre qu’opposer douleur neuroplastique à douleur structurelle soit une si bonne idée.
Selon moi, cette notion peut mettre trop de pression sur les personnes à qui on n’a trouvé aucune cause physique à leur douleur (pour l’instant?). Et en même temps décourager tous ceux à qui on en a trouvé une.
Des outils qui peuvent être utiles quelle que soit la cause de la douleur
Je pense que beaucoup de douleurs chroniques sont impactées par des facteurs psychologiques même si ils n’en sont pas du tout la cause. Les « nouvelles thérapies psychologiques » présentées ici sont en fait un ensemble de plein d’outils différents. Pour calmer notre système nerveux bien sûr. Et changer notre rapport à la douleur. Ne plus en avoir autant peur.
De plus ces thérapies proposent aussi des techniques de déconditionnements, de meilleure gestion des émotions et du stress. Elles peuvent aussi aider à retrouver une bonne estime de soi, une meilleure qualité de vie… et quand même oui : alléger notre souffrance, même si elles ne nous guérissent pas.
Je crois que parmi tous ces nombreux outils, chacun pourrait trouver quelque chose qui pourrait l’aider. On n’a pas à adhérer à l’ensemble. Juste piocher ce qui nous inspire et pourrait peut-être nous être utile. On n’a pas tant que ça à perdre, il n’y a pas d’effet secondaire.
Le cas des maladies inflammatoires
Le cas des maladies liées au système immunitaire (maladies auto-immunes notamment) et des inflammations chroniques est par exemple un point délicat sur lequel je n’oserais pas m’avancer. Mais que j’ai envie d’approfondir. Il y a des liens entre les systèmes immunitaire et nerveux, mais lesquels ?
Peuvent-ils se dérégler l’un l’autre ? Que se passe t’il quand l’inflammation est dans le cerveau, touche certains neurones ? Quels impacts ont les facteurs psychologiques sur le système immunitaire ? Un système nerveux plus calme peut-il avoir des effets positifs sur les maladies auto-immunes ? A creuser…
Cette douleur est-elle utile et cohérente ? Est-ce qu’elle prend trop de place ?
A l’opposition douleur neuroplastique Versus structurelle, je préfère l’idée de se demander si l’intensité des douleurs que l’on ressent nous semble adaptée aux dangers qui menacent réellement notre corps ? Cette douleur est elle utile, cohérente ? Me protège t-elle vraiment d’un danger ? Ne prend elle pas trop de place ?
Bien sûr l’avis d’un médecin peut être très utile pour déterminer le vrai danger dans notre corps. Mais si les analyses médicales ne trouvent rien de grave, peut-être que cette douleur n’est pas si utile et adaptée que ça ?
Un des principaux points des approches MindBody que je partage, c’est de comprendre que notre système nerveux n’est pas parfait et peut se tromper. Il peut être surprotecteur, trop sensible, envoyer une douleur bien trop intense par rapport au danger réel.
Les nouvelles thérapies psychologiques peuvent alors entrainer notre système nerveux à être moins sensible et à enlever certains de nos conditionnements inutiles voir nocifs. Et avoir moins peur de la douleur, lui donner moins d’importance…
L'approche de Couleurs Chroniques
Ces nouvelles thérapies psychologiques sont très loin d’être efficaces à 100%. Elles peuvent de plus mettre du temps à faire effet, souvent des semaines, voir des mois.
On ne sait pas encore sur quelles douleurs elles marcheront le mieux. Pour l’instant les études portent uniquement sur des maux de dos d’intensité modérée, sans cause physique grave, et durant depuis environ 10 ans.
Donc j’ai hâte de voir des études sur d’autres douleurs. Les céphalées bien sûr, la fibromyalgie, l’arthrite, les douleurs pelviennes… Je compte analyser le plus grand nombre possible des études qui sortiront !
Mon expérience – et la votre ?
De mon côté ça fait deux ans que je teste ces thérapies psychologiques. Et aucun doute ça m’a aidé et j’ai beaucoup progressé. Sinon je ne ferai pas un article dessus !
En tout cas je compte vous partager tous les outils que je découvre et me paraissent pertinents. Vous expliquer en détail en quoi ça consiste, les études dessus, ce que ça m’apporte. Et je serais vraiment ravie d’avoir le retour de tous ceux qui accepteraient de me partager leur expérience. Dans le groupe Facebook ou en message privé par exemple.
Je ne suis ni psy, ni médecin, ni coach. Ce site fait partie de ma propre thérapie. Et je veux juste que le maximum de personnes ait accès -gratuitement- à ces informations. Pour faire ensuite des choix réfléchis – en suivant leur intuition!
Patience et ouverture…
Ces « thérapies psychologiques » n’ont rien du médicament miracle qu’on pourrait avaler et nous guérirait instantanément. Elles demandent du temps et de la patience. Et inévitablement un certain travail sur soi.
Ce sont plein d’outils et d’approches complémentaires, qui peuvent être plus ou moins utiles selon les personnes. C’est à chacun de juger ce qui lui parait intéressant, l’inspire et mériterait d’être testé. Et voir ce qui pourrait fonctionner pour lui, avec son passé, ses causes physiques, ses symptômes, ses croyances, ses difficultés. Parfois il faut tester, mettre à sa sauce, trouver ce qui convient – et ce qui ne ne va pas.
Psychologie et douleurs chroniques
Mais un des prérequis est d’accepter que les facteurs psychologiques peuvent avoir un impact sur beaucoup de douleurs chroniques. Et de donner une vraie chance à ces thérapies. Voir si elles peuvent nous permettre d’aller mieux.
Ce n’est pas l’arrêt instantané de la douleur, loin de là. Mais des gains progressifs dans notre qualité de vie, notre moral, nos capacités à faire des choses que l’on croyait trop difficiles. Et aussi une douleur qui prend de moins en moins de place, nous handicape moins. Et nous fait moins souffrir…
Enfin je le répète souvent : l’aide d’un psychothérapeute qualifié et comprenant ces approches peut être inestimable. Seul ce n’est pas toujours évident de comprendre et modifier ses fonctionnements et conditionnements inconscients.
Traduction de l'article du Washington Post
" La douleur chronique est étonnamment traitable
- lorsque les patients se concentrent sur leur cerveau "
Image Isip Xin pour le Washington Post
« Une thérapie inattendue donne des résultats positifs »
Traduction partielle du texte de Nathaniel Frank paru dans le journal The Washington Post le 15 Octobre 2021. Nathaniel Frank explique aussi dans l’article avoir lui même guéri de douleurs chroniques grâce à cette approche. Il montre donc un enthousiasme certain pour elles. Mais il s’appuie sur des études sérieuses pour expliquer leurs fondements et leurs validations, avec beaucoup de références.
» La douleur chronique touche 50 millions de personnes aux USA. Elle coûte plus de 500 milliards de dollars chaque année en soins de santé et d’invalidité et en perte de productivité. Environ un demi-million d’Américains sont morts au cours des deux dernières décennies après une surdose d’opioïdes, généralement pris dans une quête désespérée de soulagement de la douleur.
Errance médicale
La communauté médicale a traditionnellement considéré la douleur chronique de deux manières. Les médecins considèrent soit qu’il s’agit d’un problème structurel causé par des lésions tissulaires – tension musculaire, disques rompus, tendon enflammé ou déchiré ; ou ils haussent les épaules, disant qu’ils ne trouvent rien d’anormal et suggérant des analgésiques, de la kinésithérapie, du repos, un régime ou un mode de vie différent.
Les patients frustrés repartent souvent avec un diagnostic au nom prétentieux qui n’est guère plus qu’une reformulation de leur plainte initiale. Dans de trop nombreux cas, on effectue une opération chirurgicale malgré des taux de réussite lamentables d’environ 25 pour cent.
Validations scientifiques de nouvelles approches
L’idée que la douleur chronique a comme origine le cerveau a longtemps été controversée. Elle est encore largement rejetée comme des balivernes New Age ou une approche qui culpabilise inutilement. Selon cette idée, la douleur est fondamentalement un phénomène psychologique. Elle pourrait être éliminée en modifiant ses pensées, ses croyances et ses ressentis plutôt qu’en changeant quelque chose dans son corps ou en l’inondant de produits chimiques.
Mais ce qui a commencé comme une intuition de certains praticiens de la santé en marge est finalement prouvé par la science. Il est de plus en plus clair que la douleur chronique est souvent « neuroplasique » – générée par le cerveau dans un effort maladroit / bâtard pour nous protéger du danger. Et c’est une bonne nouvelle, car ce que le cerveau apprend, nous le découvrons, il peut le désapprendre.
Validation de la Pain Reprocessing Therapy
La dernière preuve vient d’une étude évaluée par des pairs (d’autres chercheurs) qui a été publiée récemment dans la revue JAMA Psychiatry. Elle comprend les résultats frappants d’un essai contrôlé randomisé mené à l’Université du Colorado à Boulder. Dans cette étude, 151 sujets souffrant de maux de dos persistants ont été répartis au hasard dans trois groupes.
Un tiers d’entre eux n’ont reçu aucun traitement autre que leurs soins habituels (le groupe témoin). Un tiers a reçu un placebo. Et un tiers a reçu huit séances d’une heure d’un nouveau traitement appelé “Pain Reprocessing Therapy” – thérapie de reconditionnement de la douleur (PRT).
Réinterpréter la douleur comme une sensation neutre
Développée par Alan Gordon, le directeur du Pain Psychology Center de Los Angeles, cette technique enseigne aux patients à réinterpréter la douleur comme une sensation neutre provenant du cerveau plutôt que comme la preuve d’un problème physique dangereux.
En même temps que les personnes en viennent à considérer leur douleur comme inconfortable mais non menaçante, leur cerveau recâble les voies neuronales qui généraient les signaux de douleur, et la douleur s’atténue.
Des résultats étonnants
Remarquablement, 66% des sujets recevant la PRT ne ressentaient plus ou presque plus de douleurs après cette intervention purement psychologique, contre seulement 10% du groupe témoin. Un énorme 98% a eu au moins une certaine amélioration. Et ces résultats étaient largement maintenus un an plus tard.
« Lorsque notre cerveau est en état d’alerte élevé, nous interprétons notre environnement à travers une lentille de danger », explique Yoni Ashar, à présent chercheur en neurosciences au Weill Cornell Medical College (New York) et auteur principal de cette étude. «La PRT a pour objectif de réduire ce niveau d’alerte. »
Validation d’une approche similaire, la Psychophysiologic Symptom Relief Therapy (PSRT)
Une étude distincte qui vient d’être publiée par une équipe de chercheurs affiliés à Harvard (Boston) a obtenu des résultats tout aussi impressionnants. Elle conclue que des séances de thérapie Mind-Body étaient significativement plus efficaces pour soulager les maux de dos persistants qu’un programme plus général de réduction du stress ou les soins habituels.
Le cerveau et la douleur chronique
Cette nouvelle recherche est la dernière à valider la théorie du Dr Sarno selon laquelle une grande partie des douleurs chroniques n’est pas structurelle mais un phénomène corps-esprit. Selon cette théorie, changer nos perceptions – en acquérant des connaissances, modifiant nos croyances, en pensant et ressentant différemment – peut réduire considérablement la douleur.
Cela ne signifie pas que la douleur est imaginée ou « complètement dans la tête ». C’est une réponse de notre cerveau, comme le rougissement, pleurer ou une fréquence cardiaque qui augmente – toutes des réactions corporelles aux stimuli émotionnels.
« La douleur est une opinion« , disent souvent les neuroscientifiques, suggérant non pas que la douleur n’existe pas réellement, mais que toute douleur est générée par notre cerveau et dépend donc de la perception faillible du danger par ce cerveau.
La douleur qui protège
Nous avertir d’un danger est, bien sûr, le rôle essentiel de la douleur. Vous ne voudriez pas marcher sur un clou rouillé et l’oublier complètement, continuant votre journée.
La douleur surprotectrice / neuroplastique
Mais parfois, notre cerveau interprète mal les menaces et réagit de manière excessive en produisant ou en prolongeant la douleur alors qu‘aucun danger n’est présent.
Dans le cas de certaines douleurs chroniques, notre système nerveux, mis en alerte par la peur, se bloque en mode combat / fuite, activant les signaux d’alarme de notre corps sous la forme de symptômes physiques.
L’étude Boulder s’appuie sur des recherches qui ont depuis longtemps identifié la douleur chronique comme pouvant être neuroplastique.
Des anomalies structurelles sans gravité
Une étude a examiné les IRM de 98 personnes sans mal de dos et a révélé que 64 % avaient des anomalies de disques. Les disques se détériorent tout au long de notre vie, 90 pour cent d’entre nous présentant une dégénérescence à l’âge de 60 ans.
Mais, comme les cheveux gris ou les rides, ces changements corporels ne font pas nécessairement mal. Trop souvent les résultats de l’imagerie sont supposés sans fondement être la cause des douleurs. Comme l’a indiqué l’une des plus importantes revues de la littérature à ce jour, les « données ne valident pas un modèle de blessure physique pour les maux de dos».
Impact des facteurs psychologiques sur la douleur
En fait, de nombreuses études montrent que l’exposition au stress ou à l’adversité, tels que des traumatismes, des difficultés pendant l’enfance ou l’insatisfaction au travail, prédit les symptômes chroniques, notamment les maux de dos, la fibromyalgie et le syndrome du côlon irritable, mieux que toute mesure physique.
On sait depuis longtemps que les attentes et les croyances concernant la douleur peuvent affecter la façon dont elle est vécue, et si elle se prolonge.
Ainsi des chirurgies fictives et d’autres placebos sont capables d’amener les gens à ressentir un soulagement. De même des blessures simulées peuvent produire de la douleur, parce que les gens pensent qu’ils sont blessés.
Si les facteurs émotionnels et expérientiels prédisent la douleur chronique, cela suggère que son origine n’est pas physique, tout comme le fait que des légions de personnes ont résolu leurs symptômes en utilisant uniquement des interventions psychologiques.
Des résultats étonnants en Imagerie Cérébrale
De plus, les techniques d’imagerie valident que les facteurs psychologiques et émotionnels stimulent la douleur chronique. A. Vania Apkarian, qui dirige un laboratoire de neurosciences sur la douleur à l’Université Northwestern, a prédit avec une précision de 85 % quelles personnes développeraient une douleur chronique en regardant non pas leur dos mais leur cerveau.
Son équipe a découvert que, lorsque la douleur passe d’aiguë à chronique, elle se déplace en fait vers des régions différentes du cerveau. Des régions qui, de manière révélatrice, sont également impliquées dans le contrôle des émotions, de la mémoire et de l’apprentissage.
Apkarian considère désormais la douleur chronique comme un phénomène d’apprentissage cérébral lié à des circuits « liés aux émotions ». Les médecins veulent généralement traiter le site de la douleur, m’a-t-il dit. « Ce que nous disons, c’est que c’est souvent la mauvaise chose à faire, car ce n’est pas de là que vient la douleur. »
Les chercheurs sur la douleur ont trouvé que plus de 90 pour cent des personnes souffrant de douleurs lombaires se rétablissent en quelques jours ou semaines. La douleur chronique, en revanche, est un tout autre animal, et il apparaît qu’elle naît dans le cerveau.
L'approche MindBody
Heureusement, nous avons maintenant non seulement de meilleures recherches que jamais qui montrent qu’une grande partie de la douleur chronique est neuroplastique, mais nous avons aussi plus de moyens que jamais pour la traiter avec succès.
Attention : Les personnes souffrant de douleur persistante devraient consulter un médecin pour écarter toute cause dangereuse comme une tumeur, une infection ou une fracture, avant de conclure que leur douleur est neuroplastique.
La PRT ne sera pas accessible à tous, mais la plupart des éléments de cette approche thérapeutique validée par l’étude Boulder sont largement accessibles. Les clés de la guérison de la douleur neuroplastique consistent à vraiment comprendre qu’elle n’est pas dangereuse et à réduire la peur et les autres émotions qui maintiennent notre système nerveux en état d’alerte.
Comment les gens peuvent-ils intégrer ces principes dans une pratique régulière de conscience et de calme qui entraîne leur cerveau à désactiver les signaux de douleur inutiles ?
Outils disponibles
Le traitement de la douleur neuroplastique est devenu un exemple rare et passionnant de praticiens de santé et de patients se réunissant pour aider à réduire la souffrance à grande échelle. Ils ont créé des communautés en ligne dynamiques dans lesquelles les patients partagent et renforcent leurs expériences de guérison, souvent doucement guidés par des cliniciens (qui ont généralement eux-mêmes souffert de douleur chronique).
Ils ont créé des podcasts, des vidéos, des livres, des groupes de médias sociaux, des cours et des applications en ligne, comme « Freedom From Chronic Pain » et « Curable », qui offrent une introduction à la façon d’obtenir un soulagement.
Quelles douleurs ?
Alors que la majeure partie des recherches se concentrent sur les maux de dos, il y a de bonnes raisons de croire que de nombreuses autres formes de douleurs chroniques sont aussi neuroplastiques.
Attention : Les affections auto-immunes et inflammatoires, telles que la polyarthrite rhumatoïde et le lupus, pourraient constituer une catégorie distincte ; elles sont similaires en ce sens qu’elles déclenchent des réactions excessives à des menaces, mais la recherche n’a pas clairement montré si des interventions psychologiques peuvent les atténuer.
Faire évoluer le système de soins
Notre culture et notre système de soins ont pris du retard. Les soignants et assureurs / mutuelles devraient se renseigner sur la douleur neuroplastique. Les facultés de médecine, qui consacrent actuellement en moyenne neuf heures seulement à l’enseignement sur la douleur, devraient enseigner ce sujet.
Il est essentiel que nous cessions de considérer les bases émotionnelles ou psychologiques de la douleur comme stigmatisantes.
Cet objectif longtemps impossible pourrait enfin être atteint grâce à une compréhension plus large de la recherche montrant que, dans un effort pour nous protéger, nos systèmes nerveux autonomes – et non une faiblesse de caractère ou une imagination débridée – génèrent les symptômes.
L’un des aspects les plus difficiles de la douleur chronique est l’impression que vos expériences ou vos ressentis ne sont pas valables. Pendant trop longtemps, les patients – en particulier les femmes – se sont sentis rejetés comme névrosés lorsqu’ils se plaignaient de douleurs fortes.
Ce serait une tragique erreur de lecture si les preuves de la douleur neuroplastique étaient mal comprises et utilisées comme un argument selon lequel la douleur chronique est imaginée ou la faute de la personne qui en souffre. La recherche montre le contraire :
La douleur chronique est réelle et handicapante.
– et comme elle est apprise par le cerveau, elle est généralement réversible. »
Bonjour Muriel,
Je viens de faire un travail pendant quatre semaines avec cette méthode, et je découvre tous vos écrits.
Toutes mes douleurs chroniques ne sont pas partis. J’ai donc envie de continuer ce travail et je suis contente de tomber sur vos écrits J’ai un peu de mal à lire tout ça j’aimerais que ce soit un audio que je puisse me passer et repasser autant de fois que j’en ai besoin.
Je ne crois pas que cette audio existe en français du mois. Et s’il n’existe pas j’ai l’intention de le lire à haute voix et de l’enregistrer. Qu’en pensez-vous ?
Merci en tout cas pour votre travail.
Bonjour et merci pour votre message. Je crois aussi qu’une version audio pourrait être utile. J’avais commencé à en faire certaines il y a 4 ans et j’ai arrêté juste par manque de temps / énergie. On pourrait en discuter ensemble si vous êtes prête à en faire quelques unes, pour les intégrer dans le site avec chaque article ? Je vous envoie un mp en e-mail. Et si d’autres personnes veulent participer, n’hésitez pas me contacter : je pourrais centraliser et organiser ça !