Dans ce Podcast sorti le 08 décembre 2021, Alan Gordon (psychologue) et Alon Ziv (neuroscientifique), les 2 auteurs du livre The Way Out, discutent avec Christie Uipi. C´est l´occasion pour moi de vous présenter cette psychologue spécialisée dans le traitement de la douleur que j´apprécie particulièrement – la meilleure thérapeute selon Alan Gordon !
Elle a longtemps travaillé avec lui et a joué un rôle important dans la mise au point de la PRT (Pain Reprocessing Therapy =Thérapie de Reconditionnement de la Douleur) et sa validation scientifique.
Transcrire un Podcast américain me demande beaucoup de concentration, je ne le ferai pas très souvent. Mais celui là en valait la peine selon moi car il est très riche en informations sur différents sujets, certains qui me touchent particulièrement, notamment le People Pleasing et avoir du mal à dire ¨non¨.
Christie a aujourd’hui une expérience très intéressante non seulement de comment elle a guéri de ses propres douleurs, multiples, mais surtout de son accompagnement de nombreux patients. Elle explique dans ce Podcast ce qui lui parait le plus essentiel pour aller mieux, et ça n´a rien à voir avec des techniques ou des outils psychologiques…
Voici le lien vers la version originale de ce Podcast « Tell me About your Pain » (Parlez moi de votre Douleur), en anglais donc : Why is « No » the Most Important Word for Healing Pain? = Pourquoi « NON « est le mot le plus important pour guérir de la douleur ?
Le Podcast
« Tell me About your Pain » (Parlez moi de votre Douleur) est un Podcast réalisé en partenariat avec Curable, une application américaine pour téléphone / ordinateur. J’ai utilisé cette application pendant un an en 2019-2020. C’est elle qui m’a fait découvrir toutes ces nouvelles approches MindBody de traitement psychologique de la douleur. Je viens de m’y réabonner pour voir comment elle évolue. J’en reparlerai dans Couleurs Chroniques.
Voici la traduction de la présentation de ce Podcast :
« Un podcast où de vraies personnes souffrant de douleurs chroniques découvrent des solutions fondées sur la science. Rejoignez-nous alors que nos hôtes – experts aident les auditeurs à surmonter les obstacles vers la guérison grâce à des techniques validées par des preuves. »
Ce Podcast est animé et présenté par :
- Alan Gordon : psychologue, fondateur et directeur du Centre de Psychologie de la Douleur de Los Angeles (voici un article de Couleurs Chroniques que j´ai déjà écrit sur lui). Il fait partie du comité de conseil scientifique de l’application Curable. Il est aussi professeur assistant à l’USC, l’Université du Sud de la Californie. Fin Septembre 2021, il a publié avec des chercheurs et médecins une étude de neuroimagerie qui valide son approche de traitement de la douleur face à un placebo. C’est l’étude ¨Boulder¨ dont ils reparlent ensuite avec Christie dans ce Podcast.
- Alon Ziv : neuroscientifique et écrivain. Il enseigne à l’UCLA – Université de Californie à Los Angeles. Il a accompagné Alan Gordon dans l’écriture du livre The Way Out. Paru à la fin du mois d’août 2021, ce livre rassemble de manière pratique et claire toute l’approche de la PRT, un traitement psychologique global de la douleur chronique
Dans ce podcast, Alon Ziv fait un premier bilan de la parution de ce livre après 3 mois. Les retours et commentaires sont très positifs sur les différents sites. Alon explique que c´est déjà bien quand il voit : « c’est clair », « bien écrit, « amusant »… Mais ce qui le touche le plus, le plus important pour lui, c´est quand il lit « ce livre m’a aidé », « ma douleur a diminué » ou « est presque partie » et même « a disparu ! ».
Autour du Podcast
Un groupe Facebook de 9500 membres est associé à ce Podcast ; je le suis avec intérêt et partage parfois certains posts dans le groupe Facebook Couleurs Chroniques.
Le Podcast a sorti 14 épisodes en 2 ans, dont voici la liste complète. Il va s’arrêter car Alon et Alan estiment avoir fait le tour de la présentation des idées et techniques de cette approche pour traiter voire guérir la douleur. Le dernier épisode rassemblera des témoignages de personnes ayant utilisé avec succès cette approche, elles raconteront ce qui a marché pour elles.
L´épisode du 8 Décembre 2021
Dans l´épisode que je vous présente aujourd’hui, Christie, Alan et Alon parlent de l’étude Boulder, de leurs histoires communes, de leurs douleurs respectives. C’est toujours intéressant de voir l’envers du décor.
Mais le point le plus important pour moi c’est l‘avis de Christie sur ce qui compte vraiment pour guérir. Elle explique que toutes les techniques de la PRT ne servent à rien si on n’a pas compris et intégré que le plus important c’est de se sentir en sécurité et de se soucier de soi avec bienveillance. Arrêter de se mettre la pression, mettre ses besoins en premier et savoir dire NON…
Ce principe est essentiel dans mon propre parcours, et je fais sans aucun doute partie des People Pleasers dont ils parlent tant dans ce Podcast. C´est là-dessus que je sais que je dois encore beaucoup travailler.
Aujourd’hui je me rends compte que ça n’a aucune importance si je ne fais pas de Somatic Tracking pendant des jours. En fait c’est 1000 fois mieux si j’arrive régulièrement à garder un esprit de sécurité et de bienveillance envers moi même pendant de longs moments ! La partie Empowerment de Couleurs Chroniques n’est pas là pour rien, elle est fondamentale pour moi…
Christie Uipi
Présentation
Pour avoir une idée rapide de qui est Christie Uipi, voici la traduction de sa présentation sur le site de la PPDA (Psycho-Physiological Disorders Association) :
¨Christie est une psychothérapeute spécialisée dans le traitement de la douleur chronique, de l’anxiété et de la dépression. Elle est la directrice exécutive du Better Mind Center. Elle a suivi une formation clinique approfondie au Pain Psychology Center de Los Angeles, où elle a travaillé aux côtés d’Alan Gordon pour former des cliniciens à la Thérapie de Reconditionnement de la Douleur (PRT).
L’approche de Christie pour traiter la douleur chronique est basée sur les neurosciences et est ancrée dans la compassion. Elle s’efforce de redonner le contrôle = ¨empower¨ ses patients en leur offrant des explications précises et à jour sur la douleur, ainsi que des techniques efficaces basées sur la Pleine Conscience et les Thérapies Comportementales et Cognitives.
Elle donne des conférences à l’échelle nationale (aux USA donc) sur les approches psycho-thérapeutiques pour traiter la douleur chronique. Elle s´est engagée dans la collaboration interdisciplinaire entre la santé mentale et la médecine conventionnelle.
Christie est également elle-même une patiente ayant souffert et guéri de douleurs chroniques.
Le processus de guérison a été si profondément transformateur pour sa qualité de sa vie qu’elle consacre à présent sa carrière à soutenir les autres tout au long de leur rétablissement.
Formée en : Thérapie de Reconditionnement de la Douleur (PRT), Thérapie de Conscience et d’Expression émotionnelle (EAET), thérapie cognitivo-comportementale (TCC), TCC axée sur les traumatismes (TF-CBT), Thérapie de Résolution de Problèmes et Motivational Interviewing.¨
Extrait de son profil LinkedIn :
« Je guide mes patients à travers une approche holistique de la guérison (…) qui allie la science du cerveau au pouvoir de l’esprit et à la sagesse du corps. Je suis passionné par le domaine de la médecine MindBody = corps-esprit et déterminée à changer la façon dont la douleur chronique est traditionnellement traitée et comprise.¨
Le Better Mind Center
Christie est à présent la directrice exécutive du Better Mind Center.
Travail au Pain Psychology Center – Centre de Psychologie de la Douleur de Los Angeles
Une chaîne YouTube
Un rôle important dans la validation scientifique de la PRT
L'étude Boulder
J´ai beaucoup parlé de cette étude dans le groupe Couleurs Chroniques, un article est en cours d´écriture pour le site. Dans ce Podcast on a directement les témoignages des deux psys qui ont mené ce traitement psychologique validé contre Placebo : Christie et Alan !
Alon Ziv explique dans le Podcast que JAMA Psychiatry – le journal scientifique qui a publié l´étude- est un journal extrêmement prestigieux. Cette publication est parue le 29 Septembre 2021 et vous pouvez la retrouver dans son intégralité en suivant ce lien. Pour Alon Ziv, c´est un énorme pas pour la PRT et toute l’approche MindBody en général. Il espère que cela leur ouvrira une reconnaissance générale dans la communauté médicale.
Le protocole de l´étude
Christie explique dans le Podcast qu´ils ont travaillé avec des patients qui avaient tous des lombalgies = maux de dos depuis plus de 6 mois, avec une moyenne de 11 ans.
Alan et Christie étaient les deux seuls thérapeutes à traiter les patients par PRT, une fois qu’ils avaient été choisis pour entrer dans l’étude par un médecin. Le Dr Howard Schubiner a en effet sélectionné seulement les patients souffrant de « neurocircuit pain » = douleur des circuits neuronaux, sans cause structurelle grave.
Les patients sélectionnés ont alors rencontré Alan ou Christie 2 fois par semaine pendant 4 semaines, soit 8 séances de PRT sur : la nature de la douleur, le rôle du cerveau dans la production de la douleur, comment celui-ci peut faire des erreurs et comment sortir du cycle Peur/Douleur. Les patients ne connaissaient pas l’approche avant, c’était donc un vrai changement de concept pour eux.
Tout s’est déroulé dans le Colorado, à l’université Boulder, là où des neuroscientifiques pouvaient en parallèle faire des analyses de neuroimagerie par IRM. Alan et Christie ont donc fait de multiples aller-retours entre Los Angeles et le Colorado, avec des vols en avion parfois mouvementés. Christie s’est même installée un moment dans le Colorado pour l’étude, et il semble que ça n’ait pas été toujours très confortable pour elle…
Il y avait 3 groupes de patients lors de l’étude : un qui suivait la PRT avec Alan et Christie, un avec une injection de Placebo, et un groupe témoin. Tous les patients devaient indiquer leur niveau de douleur au fur et à mesure de l’étude (/10), chaque semaine. Au départ tous avaient des niveaux supérieur à 4/10.
Les résultats :
Au bout des 8 séances de PRT, 66% des patients ont déclaré être à 0/ 1 : la catégorie « pas ou très peu de douleurs ». En fait les concepteurs de l’étude n’avaient pas envisagé de séparer 0 ou 1 car ils pensaient que ce serait très rare de guérir complètement de la douleur et donc 0.
Alan Gordon souligne que c’est en fait une idée qui n’est pas prise en compte dans l’immense majorité des études sur les douleurs chroniques : dans la communauté médicale, on ne pensait pas qu’elles pouvaient être réversibles, qu’on peut en guérir. On oriente seulement les patients sur la gestion de la douleur avec des médicaments anti-douleur, sans trop savoir ce qui ne va pas et crée la douleur.
¨C’est pourquoi cette étude est si excitante : elle prouve que la majorité des gens peut réellement aller mieux.¨
Alon Ziv conclut en disant que les résultats de l’étude Boulder sont ahurissants, avec 98% des patients du groupe PRT qui ont vu une amélioration, avec par exemple un niveau de douleur de 2/10.
Alan Gordon ajoutent qu’un certain nombre ont vu ces améliorations continuer après l’étude, jusqu’à ne plus ressentir de douleurs plusieurs mois après. Alon Ziv en conclut qu’une fois les principes de la PRT assimilés, les patients peuvent continuer à les appliquer par eux-mêmes même s’il n’y a plus de séances avec un thérapeute.
Il y a eu en effet un suivi des patients par l’université Colorado-Boulder 6 mois et un an après, et les résultats de la PRT restent bons.
Imagerie IRMf
Des analyses d´IRM fonctionnelle ont permis d´observer l’activité du cerveau des patients face à la douleur avant l’étude et à la fin. Ces scans du cerveau ont révélé de réelles différence chez les patients traités par Alan et Christie, en particulier au niveau d’une zone du cerveau appelée Insula Antérieure. D’autres études avaient préalablement montré que cette aire du cerveau est fortement impliquée dans la douleur chronique. Alon Ziv dit que c’est génial que la PRT change le cerveau des patients. Christie ajoute que c’est le but : changer l’esprit, changer physiquement le cerveau… d´où « Better Mind »…
Le métier de thérapeute
Alon Ziv explique que les retours positifs du livre The Way Out, notamment de lire qu´il aide réellement des gens, le remplissent de joie. Alors il se demande comment Alan et Christie se sentent de voir leurs patients aller mieux en réel, en personne, au fur et à mesure de leurs thérapies ?
Christie répond que c’est extraordinaire. Voir l’intensité de leur douleur diminuer, mais aussi leur qualité de vie augmenter. Et c´est ce qui lui permet de garder l’énergie et la motivation pour accueillir de nouveaux patients qui souvent sont extrêmement tendus et tristes.
Premières fois…
Pour elle c’est extrêmement réjouissant quand un patient revient enthousiaste un jour en disant : « pour la première fois j’ai pu refaire un tour de vélo », »j’ai pu sortir dans un bar et m’asseoir sur le tabouret sans avoir mal au dos… », ces petites choses qui signifient tout pour des personnes souffrant de douleurs chroniques.
Alan Gordon ajoute que ce qui est le plus génial, c’est quand un patient associait la douleur à une activité ou une position et un jour ils ne la ressentent plus en faisant cette activité. Cette première fois, leur regard quand ça arrive « oh mon dieu, c’est possible », c’est la meilleure chose au monde pour lui…
Gérer les rechutes
Alon dit avoir connu ce genre de moments lors de sa propre thérapie, et que c’était une immense satisfaction. Mais que malheureusement tous ses problèmes n’étaient pas résolus quand même : c’est un processus graduel, qui prend du temps. Il y aussi des retours en arrière, des rechutes, l’important est de garder confiance et de continuer dans la bonne direction.
Christie ajoute que les rechutes sont en fait importantes, pour apprendre au patient à garder un sentiment de sécurité et d’Empowerment même à ce moment là, quand la douleur qui revient de manière imprévue pourrait les faire paniquer. Pour avoir un vrai mieux-être sur le long terme, il est essentiel de s’entraîner à bien traverser ces rechutes, qui arrivent à tout le monde.
Pour Alan Gordon, c’est pareil : la manière dont on répond à la douleur est essentielle.
Le parcours de Christie avec ses propres douleurs
Je ne rentrerai pas dans le détail, comme d´habitude : décrire trop les douleurs n’est pas bon pour mon système nerveux !
Une expérience de la douleur ambulante
Christie Uipi a eu un grand nombre de symptômes : douleurs aux genoux, aux poignets, au dos, à la nuque, vertiges, maux de tête… Elle n’était vraiment pas bien quand elle était étudiante, elle se décrit comme « a walking pain experience » = une expérience de la douleur ambulante. Elle avait ainsi un coussin spécial pour s’asseoir, et plein d’autres « accessoires » pour les différentes parties de son corps douloureuses.
Alan Gordon raconte que son mal de dos était tel qu’il devait amener sa propre chaise roulante à chaque cours, on l’appelait « the chair guy »! Il a été l’un des professeurs de Christie plus tard, à l’USC, mais il explique qu´il n’avait pas fait attention plus que ça aux douleurs de celle-ci. C´est souvent le problème avec les douleurs et autres symptômes ¨invisibles¨. Si on ne s´en plaint pas clairement, les autres ne s´en rendent pas compte…
Une grande réticence à travailler sur la douleur
Ce qui est surprenant c’est qu’au départ Christie ne voulait absolument pas travailler dans le domaine de la douleur et n’aurait donc jamais imaginé travailler au Pain Psychology Center.
Elle était extrêmement réticente à travailler dans ce domaine, et surtout elle avait peur de ne pas pouvoir guérir elle même, de rester handicapée et de voir les patients aller mieux. En fait elle pensait que son cas était inguérissable, qu’elle ne pouvait pas aller mieux car tout ses symptômes avaient une cause structurelle selon ses médecins.
Elle semblait ne surtout pas vouloir parler de ses douleurs et demander de l’aide. Elle n’en avait absolument pas parlé à Alan Gordon quand il lui a proposé de faire un stage étudiant dans son centre. Elle a accepté seulement parce qu’elle ne savait pas dire Non – le people pleasing, sujet du prochain chapitre -, qui pour une fois a été une chance pour elle car cela l’a amenée à guérir personnellement.
Guérie par la PRT – et un vrai travail sur elle-même
Les douleurs de Christie ont en effet disparu grâce à l’approche de PRT d’Alan Gordon et un gros travail sur elle-même. Comme expliqué plus haut, dans la partie 5 du programme Pain Recovery, on assiste ainsi à l´un de ses premiers Somatic Tracking sur ses douleurs au poignet, quand elle était stagiaire dans l’équipe d’Alan… Sa propre thérapie n’a pas concerné que ses douleurs, mais aussi certaines peurs, comme celle de prendre l’avion comme l´explique Alan Gordon dans le livre The Way Out. Et elle aussi appris à ne plus être une ¨people pleaser¨…
Le People Pleasing
Énormément de personnes souffrant de douleurs chroniques sont des « people pleaser » = ceux qui veulent faire plaisir /plaire aux autres au point de s´oublier. C’est un type de personnalité très représenté chez les patients de Christie et Alan. Faire passer ses besoins après ceux des autres, s’entendre dire « Oui » même si on n’a pas envie au fond de soi. On aurait envie de dire NON, mais on n’ose pas. Pourquoi ?
Christie explique qu’elle a du faire un gros travail sur elle même pour essayer de comprendre pourquoi elle n’osait pas dire Non.
Les « people pleaser » ont souvent l‘impression que leurs propres besoins ne sont pas légitimes, ils ne les écoutent pas, dépassent leurs limites et n’ont pas une relation saine avec eux mêmes.
Se soucier réellement de soi
Christie insiste sur la différence entre le « self-care » consumériste et le « caring for yourself ». Deux façons de prendre soin de soi : superficiellement ou se soucier vraiment de soi. Il ne s’agit pas ici de prendre un bon bain chaud et méditer pour se détendre de temps en temps (voir l’article Couleurs Chroniques prendre soin de soi sur le même sujet).
Elle explique que beaucoup de personnes souffrant de douleurs chroniques ne sont pas attentives, bienveillantes pour elles mêmes, elles ne sont pas à l’écoute de leurs besoins, les négligent et ne se soucient pas de leur propre souffrance.
Alon Ziv : Beaucoup de People Pleasers ne savent pas dire « non », ils peuvent seulement dire « oui ».
(Traduction intégrale de l´extrait publié sur la page internet de la version en anglais)
Ma femme et moi avons tous les deux des carrières « non traditionnelles ». Nous travaillons sur différents projets, ce que nous aimons beaucoup. Mais souvent, différents projets se présentent à nous et nous pouvons finir par dire « oui » à des choses que nous ne voulons pas vraiment faire. Ensuite, on est coincé et c’est vraiment frustrant.
Nous essayons donc toujours de nous rappeler mutuellement que « non » est le mot le plus puissant. Je pense que c’est un mot très simple, mais en fait c’est tellement difficile pour beaucoup de gens de dire « non ». Pourtant quand ils disent « oui », le désagrément finit par être bien plus long et pire. Mais sur le moment, il est parfois si difficile de dire « non ».
Le « Oui » soulage sur le moment mais augmente l´anxiété et les rancœurs à long terme
Christie : Absolument, on obtient juste un soulagement de l’anxiété à court terme lorsqu’on dit « oui ». On n’a pas à faire face à l’inconfort de potentiellement décevoir cette personne ou de la mettre potentiellement mal à l’aise. Donc, le « oui » procure un soulagement temporaire de l’anxiété, mais il maintient en fait dans un cycle où l’on est en permanence trop anxieux et trop stressé.
Alon : Et nous connaissons les effets néfastes du stress et de l’anxiété sur le corps et sur l’intensité des douleurs. Je pense que tu as raison, Christie, à propos du soulagement temporaire de dire « oui ».
Quelque chose que j’essaie de me rappeler, et je pense que c’est quelque chose que mon thérapeute m’a dit un jour, c’est que les autres personnes peuvent gérer notre « Non ». On se trompe si on pense que les autres sont si fragiles qu’ils seraient détruits si on leur dit « non » et qu’on se sentirait alors coupable.
Mais ce sont des adultes, ils peuvent supporter d’entendre « non ». Vous n’avez qu’à le dire et à vous en débarrasser, puis ils s’en remettent. C’est tellement mieux que de rester coincé dans une situation où vous ne voulez pas être, et où vous pouvez commencer à en vouloir à la personne et ainsi de suite.
Les peurs derrière le People Pleasing
Alan : J’ai toujours pensé que le « People Pleasing » n’est en fait pas nécessairement le fait de vouloir réellement plaire aux gens, mais plutôt de chercher à éviter les émotions qui pourraient surgir si on déçoit quelqu’un d’autre.
Souvent, on se dit : « Oh, je veux faire plaisir aux gens, je prends soin de cette autre personne ». Mais en réalité, ce que l’on fait, c’est éviter le sentiment de culpabilité que l’on pourrait ressentir en décevant quelqu’un d’autre, ou éviter la peur d’un abandon potentiel. Lorsqu’on dit « non » à quelqu’un, on s’inquiète: « Vont-ils toujours vouloir être amis avec moi ? Vont-ils toujours m’aimer ?
Je pense donc souvent qu’il ne s’agit pas nécessairement de l’autre personne, mais plutôt d’augmenter notre capacité à tolérer certaines de ces émotions difficiles lorsqu’on déçoit quelqu’un d’autre.
Dire toujours ¨Oui¨ peut faire beaucoup de dégâts, dans ses relations et en soi
Alon explique alors que pour lui aussi, il a peur que dire « non » puisse faire du mal à la relation, que la personne va lui en vouloir et ne voudra plus être associé / ami… Mais il se rend compte qu’il a parfois fait plus de dégâts en disant ‘oui’ car après il avait du ressentiment contre la personne et sapait la relation.
Il parle aussi du Super pouvoir d’Alan, un fonctionnement difficile pour beaucoup de people pleaser : savoir demander clairement, sans détour et sans fausse humilité…
Le plus important pour aller mieux
On termine avec la question essentielle : Qu´est-ce qui est le plus important contre les douleurs chroniques ?
Le plus utile pour Christie et ses clients, selon son expérience, c´est de faire passer son propre bien-être en premier. Il s´agit en particulier de veiller à se sentir en sécurité et de se soucier de soi et de ses besoins.
Cet état d’esprit est bien plus important que n’importe quelle technique ou autre travail sur soi. La thérapie consiste à développer cette impression de sécurité interne pour qu´elle reste stable et guide les patients quelle que soit leur activité ou ce qui se passe dans leur journée. Toutes les techniques de la PRT (réduire les pensées de peur, développer la compassion pour soi même, l’exposition graduelle, le somatic Tracking…) ne servent à rien et ne veulent rien dire si elles ne font pas partie d’un plan plus large qui nous apprend à nous demander :
De quoi ai-je besoin maintenant pour me sentir plus en sécurité et plus à l’aise, rassuré, réconforté, calme ?
Attention à la pression
Christie explique que certains patients se mettent tellement la pression pour faire un exercice ou comprendre une technique qu’ils en oublient l’idée essentielle et fondamentale : toujours aller vers ce qui nous faire sentir plus en sécurité.
Alon ajoute que chercher désespérément à guérir le plus vite possible, s’accrocher à fond à une technique en se disant ; « oh tout ce que j’ai à faire c’est une centaine de Somatic Trackings par jour et je serai réparé »… ça ne marche pas !!!.
C’est l’énergie qu’on met dedans qui compte. Forcer avec désespoir et tensions, « je dois faire ça le plus souvent possible », cela ne rassure pas le cerveau, ça ne le fait pas sentir en sécurité, ça ne calme pas du tout notre système nerveux. C’est l’effet opposé !
Il est donc important de toujours garder l’objectif fondamental à l’esprit : se sentir en sécurité, calmer le système nerveux, apprendre au cerveau que ces sensations et émotions ne sont pas dangereuses. Les techniques sont secondaires, juste un moyen, un outil.
Accepter les mauvais jours
Christie explique aussi qu’il est important d’accepter les mauvais jours -¨Off day ». Ces jours où l´on se rend compte que l´on est assailli par de nombreuses pensées de peur. Christie conseille de les laisser sortir un moment, sans lutter contre mais avec beaucoup de gentillesse envers soi même, et de se dire que c’est un moment désagréable et que ça va passer.
Si le Somatic Tracking ne marche pas ce jour là et ajoute encore plus d’inconfort et de tensions, mieux vaut arrêter et chercher autre chose qui pourrait nous amener un peu de calme. Se demander : quels sont mes besoins maintenant pour me rassurer / réconforter / sentir plus calme? Vous êtes la seule personne qui peut le savoir et vous avez toujours raison.
La bonne énergie
Alan prend l’image de se soucier de soi comme on s’occuperait d’un enfant qu’on aime : protéger, rassurer, réconforter. Et surtout pas de pression.
Il explique qu’un jour il s’était mis la pression pour dédier la journée entière à faire que des choses ¨bien contre sa douleur » : au bout de 11 heures de Somatic Tracking, Pleine Conscience, observer ses émotions, communiquer des messages de sécurité… sa douleur avait empiré… Et juste après il lâche tout et abandonne : en 5 minutes, sa douleur avait diminué de moitié ! En fait il avait passé la journée avec la mauvaise énergie.
Tout doit venir d’un état d’esprit de prendre soin de soi, de se traiter avec compassion, douceur et gentillesse… le reste suivra. Et surtout ne pas penser qu’on doit réussir tous les points d´une quelconque liste.
Ce Podcast se termine sur l´importance de vraiment se connecter à soi même, comprendre nos tensions et les besoins derrière. Qu’est ce que je peux faire pour me sentir mieux à cet instant, calmer mes peurs, ma pression, rendre ma vie meilleure?