Prendre soin de soi (= Self-Care en anglais), ce n’est pas juste se faire plaisir de temps en temps en s’accordant un moment de répit. Cet article a pour but d’ouvrir des pistes, des réflexions sur ce sujet, à travers deux textes d’autrices américaines : Brianna Wiest et Laura McKowen.
Ces textes m’ont bousculée et fait beaucoup réfléchir. Ils m’ont finalement aidée à prendre conscience de ce qu’était vraiment le « self-care ». Prendre soin de soi, ce n’est pas très glamour comme dit Brianna West, et c’est de la discipline selon Laura McKowen.
C’est vraiment prendre conscience de ce dont on a besoin, de ce qui est important pour nous et d’avancer en douceur dans cette direction. Cela implique de faire des choses pénibles, ennuyeuses, de dire « non » à certaines de nos impulsions, à des personnes, des projets. C’est faire preuve de discipline et affronter ses problèmes. On est très loin du self-care commercial qui nous vend des soins de beauté – ou du « fais toi plaisir » !
Responsabilisation et bienveillance
Alan Gordon consacre l’étape 8 de son programme Pain Recovery à cette notion de se soucier de soi et de prendre conscience de comment on se traite. Il insiste sur l’importance de notre état d’esprit et de notre engagement. Et surtout il nous invite à faire preuve de bienveillance et de patience envers nous mêmes.
C’est à chacun de chercher à comprendre comment prendre vraiment soin de lui, selon ses besoins et ses difficultés. Et c’est donc avoir beaucoup d’amour envers soi même, se pardonner d’être imparfait – mais sans complaisance et en assumant ses responsabilités. Ce Podcast d’Alexia Ferrantelli ouvre aussi des pistes sur les systèmes inconscients en jeu quand on a du mal à changer nos habitudes.
Le Podcast de cet article
A retrouver sur la chaîne You Tube Couleurs Chroniques à cette adresse.
Prendre soin de soi dans Couleurs Chroniques
Ce thème de « prendre soin de soi » revient souvient dans Couleurs Chroniques, il tient une place importante dans le dossier Empowerment. C’est une invitation à apprendre peu à peu à mieux se connaître, à choisir quel sens donner à sa vie…
On le retrouve aussi dans le dossier En pratique, dans les trois domaines bio / psycho / social. Pour le bio/physiologique, c’est le dossier prendre soin de son corps. Le domaine psychologique correspond à prendre soin de son mental et regarder ses peurs et ses problèmes en face. C’est aussi savoir écouter ses émotions.
Et enfin le volet social : Prendre soin de soi, c’est aussi s’affirmer et prendre soin de nos relations, celles qui nous soutiennent ou nous inspirent, et s’éloigner de celles qui sont toxiques.
Prendre soin de soi (=Le "self-care"), par Brianna Wiest
Voici un lien vers l’article original : This Is What ‘Self-Care’ REALLY Means, Because It’s Not All Salt Baths And Chocolate Cake en anglais. Et le site de Brianna Wiest pour en savoir plus sur cette autrice.
Prendre soin de soi, ce n’est souvent pas glamour du tout.
C’est remplir une feuille de calcul de ses dettes. S’imposer une routine matinale. Se préparer des repas bons pour la santé. Et ne plus fuir ses problèmes en appelant la distraction une solution.
C’est souvent faire la chose la plus pénible que l’on a à faire, comme transpirer lors d’un exercice physique supplémentaire. Dire à un ami toxique que l’on ne veut plus le voir. Prendre un second travail pour avoir assez d’argent. Trouver un moyen de s’accepter soi même.
Ce n’est pas être constamment épuisé(e) à vouloir tout faire en permanence… Et avoir ensuite besoin de faire des pauses dans sa vie, obligatoires et planifiées, qui consisteraient à faire des choses basiques comme mettre des gouttes d’huile dans un bain, lire Marie Claire et éteindre son téléphone pour la journée.
Un monde dans lequel le “self-care” est un sujet si à la mode est un monde qui est malade. Le self-care ne devrait pas être quelque chose auquel nous recourrons quand nous sommes complètement épuisés et que nous avons besoin de récupérer de notre propre pression intérieure incessante.
Le vrai “self-care”, ce ne sont pas les sels de bain et les gâteaux au chocolat.
Prendre soin de soi, c’est faire le choix de se construire une vie dont on n’a pas besoin de s’échapper régulièrement.
Et cela consiste souvent à faire les choses que l’on a le moins envie de faire.
Cela signifie regarder régulièrement ses échecs et ses déceptions droit dans les yeux, et trouver de nouvelles stratégies. Ce n’est PAS satisfaire ses désirs immédiats. C’est le lâcher prise, choisir de nouveaux chemins. Et c’est décevoir des gens et faire des sacrifices pour d’autres. C’est aussi prendre un chemin que d’autres ne prendraient pas, et peut-être pouvoir ainsi avoir une vie que d’autres n’ont pas.
C’est se donner le droit d’être juste normal, ordinaire, pas exceptionnel.
Cela signifie parfois aussi avoir une cuisine sale, décider que son but ultime dans la vie ne va pas être d’avoir de super abdos ou d’entretenir des amitiés hypocrites/fausses (“fake friends”). Et c’est déterminer à quel point notre anxiété provient de ne pas développer notre potentiel, ou d’une manière de penser que l’on nous a inculquée avant même qu’on ait conscience de ce qui se passait.
Si on se retrouve régulièrement à céder au « self-care consumériste », c’est que l’on s’est déconnecté de notre self-care réel. Celui-ci a très peu à voir avec le “faites vous plaisir” mais beaucoup plus avec “être son propre parent”, se responsabiliser, et faire des choix pour son bien-être à long terme.
C’est arrêter de prendre comme excuse une vie agitée et déraisonnable pour s’auto-saboter sous la forme de boissons alcoolisées et de procrastination. Cela signifie aussi d’apprendre à arrêter d’essayer de se “réparer soi-même” et commencer à se soucier vraiment de soi… Et peut-être découvrir alors que prendre soin de soi avec amour va alléger beaucoup des problèmes que l’on essayait de réparer initialement.
On devient le héros de sa vie, et non la victime.
Cela signifie “recâbler” et modifier ce qu’on a, nos fonctionnements et notre environnement, jusqu’à ce que notre vie quotidienne ne soit plus quelque chose qui nécessite de suivre une thérapie pour la supporter.
C’est ne plus choisir une vie qui a l’air bien mais une vie dans laquelle on se sent bien.
Et c’est abandonner certains objectifs pour se consacrer à d’autres. C’est être honnête et authentique, quitte à ne pas être aimé par tout le monde. Cela implique de plus de prendre la responsabilité de la satisfaction de nos propres besoins pour ne pas être dépendant d’autres personnes et en être anxieux.
C’est devenir la personne que l’on sait vouloir et que l’on mérite d’être. Quelqu’un qui sait que les sels de bain et les gâteaux au chocolat sont juste des moyens de savourer la vie – et non de s’en échapper.
Brianna Wiest
Pourquoi mon "Self-Care" m'a fait plus de mal que de bien, par Laura McKowen
La version originale se trouve à cette adresse, sur le site de Tiny Buddha :
Why My « Self-Care » Did More Harm Than Good – Tiny Buddha
Et voici le site internet de LAURA McKOWEN.
« Prendre soin de vous, c’est la manière de reprendre votre pouvoir. » Lalah Délia
Le vrai « self-care » (=Prendre soin de soi) n’a rien à voir avec un bain moussant.
Ce que je veux dire, c’est que ça peut passer par un bain moussant si vous êtes le genre de personne qui a l’impression de commettre un péché mortel en se délassant dans l’eau chaude avec une bougie ou un livre pendant vingt minutes, seule. Si c’est votre cas, alors oui, surtout accordez vous de prendre un bain moussant. Régulièrement !
Idem avec un massage. Ou planifier du temps pour faire de l’exercice physique, vous acheter de nouveaux sous-vêtements, faire une sieste…
Si la simple idée de faire ces choses vous rend très mal à l’aise et vous fait sentir égoïste : « oh NON je ne peux pas faire ça ! » alors ce sera justement une de vos manières de prendre soin de vous.
Ce n’est pas une des miennes, cependant.
Vous voyez, je n’ai jamais eu de problème à m’offrir plus de petits plaisirs.
Plus de temps pour moi ! Et plus de récompenses, de friandises ! Plus de « tout ce qu’ai envie maintenant » ! Je n’avais pas besoin de l’injonction « faites vous plaisir », je le faisais déjà, mais elle m’a donné une sorte de permission publique de le faire encore plus.
Avec ce genre de définition du « self-care », je gagnais les Jeux Olympiques du « prendre soin de soi ». « Pourquoi était-ce si difficile pour les autres? », je me demandais, alors que je m’offrais un autre bain après ma sieste du milieu de la journée qui avait suivi mon massage hebdomadaire… Et pendant ce temps, je ne touchais toujours pas à mes déclarations d’impôts qui attendaient depuis trois ans. Les produits d’épicerie bio dans mon réfrigérateur pourrissaient car je leur préférais encore un dîner à emporter « je me fais plaisir ». Et j’annulais (encore) un rendez-vous avec mon psychothérapeute parce que… je n’avais tout simplement pas envie d’y retourner.
Pendant très longtemps, je me suis noyée dans un océan de dissonances cognitives.
Je ne me sentais pas comme le genre de personne qui a un problème avec l’alcool, ou qui ment, ou qui ne fait pas ce qu’elle a dit, ou qui est inconsistante ou -Dieu m’en préserve-, paresseuse. Vous voyez, j’avais tellement de preuves du contraire ! J’avais plutôt réussi dans la vie, j’avais accompli beaucoup de choses, je présentais bien, les gens m’aimaient toujours et j’avais de si bonnes intentions !
Sauf que mon comportement allait clairement à l’encontre de tout cela.
Cette déconnexion m’a rongée. Je savais bien que j’en profitais trop, je savais que mes « bonnes intentions » n’étaient que des excuses pour un comportement de merde. Et je savais que je me laissais prendre dans de nombreux scénarios dangereusement glissants, au travail, avec mes amis, dans ma vie financière, à la maison. Je savais que la plupart de ce que j’avais accompli n’avait été fait qu’à cinquante pour cent, ou moins. J’ai beaucoup « rogné ».
Je savais au fond de moi, même si je ne me l’avouais pas, qu’une grande partie de ma vie était un château de cartes.
Alors quand je pratiquais le « prendre soin de soi » ou le #selfcare à la mode Instagram, en me dorlotant, j’avais ce sentiment perturbant et récurrent que peut-être plus de « petits plaisirs » n’était pas ce dont j’avais réellement besoin.
Ce qui m’a amené à la discipline.
La discipline est devenue à contrecœur mon approche personnelle du « self-care ».
La discipline est ce qui a réellement apporté de la liberté dans ma vie, contrairement à ce que j’ai longtemps cru.
Je pensais que mon état d’esprit « je suis libre, je fais ce qui me fait envie » était un acte de rébellion contre la monotonie de la vie. J’étais fière de cette dissidence culottée contre la banalité du « Carpe Diem » de l’âge adulte et tout ce qui va avec !
Mais pendant toute ce temps, depuis ma vingtaine jusqu’à plus de trente ans, je tremblais intérieurement. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde semblait faire des choses d’adulte si facilement et automatiquement. Je pensais que la maturité venait automatiquement avec le temps, un effet passif du vieillissement. D’une manière ou d’une autre, cela arriverait comme par magie !
Hélas non.
C’est ce concept qui a fait une énorme différence dans ma vie : pour moi, le « self-care » correspond à de la discipline.
Cela consiste à finir les choses que je commence. Et à faire une pause pendant une minute avant de commencer autre chose. Pour réfléchir aux implications de commencer ladite chose, en termes de finances, de temps et d’énergie dépensés, et sur qui je pourrais avoir un impact négatif si je ne vais pas jusqu’au bout.
Cela signifie des limites sur mon temps d’écran. Et aussi limiter la quantité de sucre que je mets dans mon corps.
Cela signifie apprendre à ma fille à faire les choses par elle-même, au lieu de les faire à sa place parce que c’est plus facile et que ça provoque moins de frictions sur le moment. Et c’est aussi aller au bout des conséquences dont je l’avais prévenue, même si cela me complique temporairement la vie.
Ou encore me réveiller à peu près à la même heure tous les matins, pour faire les activités qui m’amènent équilibre et stabilité avant que le reste du monde ne se réveille : écriture du matin, méditation, café, calme.
Cela signifie respecter mes engagements et être très précise sur les engagements que je prends.
C’est aussi tenir ma parole autant que possible, même quand je n’en ai plus envie.
Cela implique de me dire « non » plus souvent que « oui ».
C’est me demander si mon futur moi me remercierait pour ce que je suis sur le point de faire plutôt que suivre les impulsions de mon moi actuel. Et écouter vraiment la réponse qui peut être : « Non, ton futur moi n’appréciera pas ça, Laura. »
Cela signifie souvent faire ce qui est nécessaire plutôt que ce qui est amusant.
Pour moi, prendre soin de moi correspond à faire preuve de discipline, parce que c’est ce qui m’est inconfortable. C’est ce que j’ai du mal à faire. Cela va à l’encontre de mon fonctionnement par défaut. Et c’est en allant à l’encontre de ces fonctionnements (nocifs) que nous pouvons changer.